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Tananarive - Making-of

28/09/2021 15 planches

Après Katanga, Sylvain Vallée fait une rentrée fracassante avec Tananarive, sur un scénario de Mark Eacersall, Coup de cœur dela rédaction, BD TRL du mois et surtout plébiscité par les lecteurs qui en ont fait leur favori dans le Top 5 BDGest du mois. Mark Eacersall nous raconte le parcours semé d’embûches de son récit avant qu'il n'arrive entre les mains de Sylvain Vallée, qui nous partage quelques étapes de la réalisation de l'album. Embarquement immédiat.


AVANT-PROPOS

En 2003, en une ou deux nuits me semble-t-il, j'ai écrit le synopsis de ce qui allait devenir Tananarive. C'était pour le besoin d'un concours de scénario, dont je n'ai même pas franchi la sélection.

Quelques années plus tard, aiguillé par des scénaristes trop chers pour lui, un producteur de films m’a contacté, à la recherche de sujets à développer auprès d’un inconnu low cost. Je lui ai soumis différentes histoires et, à ma grande surprise, il a pris une option sur ce road-movie de vieillards. C’est ainsi que j’ai commencé à rédiger le scénario de Tananarive (ancien nom de la capitale de Madagascar, aujourd’hui Antananarivo). 

À l'époque, n’ayant pas de bureau pour travailler chez moi, je me souviens avoir écrit  cette histoire en hiver, dans les combles non chauffés de l'entreprise parisienne de mon beau-frère, l’ordinateur posé sur une table de ping-pong. Un jour que je prenais le métro, j'ai aperçu un objet plastifié au sol. C'était une carte professionnelle appartenant à un économiste du FMI, qui était né à…Tananarive ! Je n'en croyais pas mes yeux et ai aussitôt appelé mon producteur pour lui dire que cette coïncidence annonçait un succès certain. 

Quelques mois plus tard, le projet n'intéressant personne, j'en ai récupéré les droits.

Pendant les années qui ont suivi, alors que je travaillais sur d’autres histoires, je continuais de promouvoir celle-ci de loin en loin. J'ai réussi à toucher différents acteurs, une productrice, mais après mille péripéties et malgré mon opiniâtreté, il était dit que ce film ne se monterait jamais. 

En 2018, quinze ans après en avoir écrit le synopsis, j’ai adapté le scénario pour la bande dessinée et l’ai fait lire à Franck Marguin, éditeur chez Glénat, avec qui je venais de signer mes deux premiers romans graphiques. 

Après l’avoir lu, Franck m’a annoncé avec enthousiasme qu'il avait une ambition : en parler à Sylvain Vallée, grand nom de la BD contemporaine. Je me souviens avoir lâché quelque chose comme : « Mais qu'est-ce qu'il en a à foutre de moi, Sylvain Vallée ? ». Franck a eu raison d'insister car, le weekend suivant, Sylvain disait oui. 

Nous avons commencé à échanger et nous sommes rapidement entendus. Cette fois, il semblait bien que Tananarive allait voir le jour, tel que je l’avais rêvé, grâce au crayon inspiré et exigeant de Sylvain Vallée. 

Plus tard, alors que Sylvain donnait vie aux premiers personnages, j’ai replongé dans mes archives pour le documenter. Je suis alors tombé par hasard sur la pièce d’identité trouvée dans le métro - que j’avais totalement oubliée mais sans doute scannée pour la montrer à mon producteur de l’époque avant de la restituer. Évidemment, j’avais aussi complètement oublié le patronyme du bonhomme.

Je suis tombé de ma chaise.

Je m’empresse toutefois de préciser que je ne crois pas aux signes (lorsque quelqu’un qui a payé son loyer en écrivant l’horoscope vous dit cela, chers amis, vous devez le croire). Mais je crois à la force des histoires. Et celle-ci constitue une entrée en matière assez appropriée pour ce qui va suivre.

Bonne lecture,

Mark Eacersall

NB : M. Olivier Vallée, qui a accepté que sa photo apparaisse dans ce document, est lui-même l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Société militaire à Madagascar : Une question d'honneur(s), éditions Karthala.