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encontre étonnante et improbable entre une autrice de BD underground et un ancien joueur de football professionnel, J’perds pas la boule offre surtout un regard original et frappant de la société actuelle. Indo-mauricien d’origine ayant grandi dans un quartier populaire du Havre, Vikash Dhorasoo va devenir un sportif de haut niveau (dix-huit sélections en équipe de France) et aura l’occasion de travailler dans les plus grands clubs d’Europe durant sa carrière. Comment faire pour garder les pieds sur terre quand la gloire et toutes les tentations sont à votre portée ?
Biographie aux couleurs acidulées, l’album est composé de petites scénettes dans lesquelles Vikash se confie sous la forme d’anecdotes tour à tour fondatrices, amusantes ou consternantes (humour de vestiaire oblige !). Une enfance coincée entre deux cultures, les dures années de formation et sa période « pro », chaque étape est marquée par quelques figures importantes : parents, entraîneurs, amis fidèles. Même s’il possède une personnalité forte, Dhorasoo sait toujours prendre du recul sur lui-même et, point crucial pour lui, nomme et remercie ceux qui l’ont guidé, tant sur les terrains qu’au jour le jour. Par cela et quel que soit son milieu, il souligne que personne ne fait sa route seul. Plus grave, un autre sujet hante le livre : le racisme au quotidien qu’il a et continue d’endurer. Heureusement, il évite la leçon de morale et illustre intelligemment comment ce mal profondément ancré dans les mentalités peut surgir rapidement et violemment.
Emilie Gleason apporte à l’exercice son style chaloupé, voire démantibulé et toute l’excentricité de sa palette. Typé alternatif, lorgnant même vers les graffiti façon Keith Haring, le trait de la dessinatrice joue une part majeure dans la narration, tant il accompagne et renforce les situations. Bras démesurés qui grandissent pour asséner vérités ou imposer une punition, mise en page fluctuante sachant s’arrêter sur un petit détail insignifiant et révélateur. La lecture s’avère être une véritable expérience visuelle à laquelle il ne manque qu’une bande son bien rythmée.
J’perds pas la boule plaira assurément aux amateurs de ballon rond, mais pas seulement. En effet, ne se limitant pas à une simple liste de perles sportives, l’ouvrage va plus loin en présentant toutes les facettes d’une personnalité d’une grande drôlerie qui n’oublie jamais de faire la part des choses. Et puis, la tendresse envers les siens et le respect dû à ceux-ci s’imposent et procurent une profondeur certaine à ces planches aux allures de carnaval.
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