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ême après des années et bien caché au bout du monde, personne n’est jamais à l’abri. Retrouvé par la DGSE et « embauché » derechef, le Tueur reprend du service. Sa cible ? Un notable d’une ville du nord de la France. Pourquoi ? Corruption, trafic d’influence et de substances prohibées, promesses électorales non tenues (je plaisante)... Est-ce vraiment si important ? C’est pour la nation cette fois, ha ha ha ha, la belle blague.
Six ans après Lignes de fuite, Jacamon et Matz offre une suite en forme de reboot aux aventures du Tueur. Si la manière reste la même, le cadre et le contexte ont un peu changé. Le héros n’est plus à son compte et se limite à faire son « job » consciencieusement, à défaut d’y trouver une quelconque satisfaction. Ses nouveaux employeurs lui ont bien expliqué que, de toute façon, il n’avait pas le choix. Alors, il fait ce qu’il sait faire le mieux. Avant de passer à l’action, il suit sa proie et en profite pour observer cette société absurde où tout semble être fait afin que l’individualité soit irrémédiablement broyée. Les habitudes et les réflexes conditionnés ont remplacé le libre arbitre. Ses impressions sont partagées avec le lecteur dans de longs monologues désabusés à vous glacer le sang. Les heures sont longues et les minutes poisseuses, les explications maigres et la monotonie de cette comédie n’est brisée qu’un instant, le temps d’un mouvement et d’une chute fatale. Carrée et millimétrée, la narration de Matz fait mouche et, à défaut de réchauffer les cœurs, impose un réalisme glacial nourri au cynisme le plus sombre.
Traitement négatif est aussi l’occasion d’un retour aux sources pour le dessinateur qui a remisé sa palette graphique et ressorti ses bons vieux pinceaux et papiers. Le résultat s’avère impeccable, à la fois précis et léger. Le découpage très aéré contrebalance avantageusement les nombreux pavés de textes. La gestion du temps, de l’attente plutôt, se montre remarquable, car la tension est toujours palpable. Les hommes et femmes sont sur le qui-vive en permanence, gare à celui qui baissera sa garde. L’excellent travail au niveau des couleurs – luminosité, ombres, ciels fantastiques - est également à noter.
Solide, carré et sans concession, Le Tueur - Affaires d’État réussit son retour. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour ceux qui vont se retrouver sur son ordre de marche.
Docteur, est-il normal que j'éprouve tant d'empathie pour un tueur à gages ?
D'accord, sa vision du monde est crasseuse mais n'est-elle pas aussi extra-lucide ?
Bizarrement cette "régulation" souterraine de la société des hommes a quelque chose de rassurant et nous redonne un mince espoir quant à nos destinées, mais très mince alors !
Le Tueur c'est de la balle ( de fort calibre ).
LE TUEUR est de retour. Cet album démarre un nouveau cycle, où notre "héros" est désormais employé de la DGSE. Il reçoit désormais des ordres d'un supérieur et tue pour le compte de l'Etat. Sa cible du moment : un adjoint à la mairie d'une agglomération portuaire de province, impliqué dans des trafics d'armes et de drogue.
On retrouve dans cette nouvelle série ce qui a fait le succès de la précédente : un graphisme froid et tranchant (bien en accord avec la psychologie du personnage principal) et une narration rythmée, basée sur les incessants monologues intérieurs du Tueur, qui crée une complicité troublante entre LE TUEUR et le lecteur. La vision du monde du personnage principal est toujours aussi sombre et pessimiste, et la lecture est un vrai régal.
Un très bon polar introspectif, davantage basé sur la psychologie des personnages que sur l'action pure. Un retour réussi.
J'ai vraiment aimé.
dans la logique des précédents albums.
histoire bien ficelée et traitant des problèmes récurrents qui empoisonnent notre excitante dans ce monde gouverné par des politicos-escrocs
Le tueur est de retour ! Quel plaisir de retrouver les pensées pertinentes de notre héros. Les dessins sont bons mais les couleurs moins chaudes et contrastées que les albums précédents. L'intrigue est simple et on est vite embarqué dans cette nouvelle histoire. J'avais peur d'une suite quand Matz en personne me l'avait confié en 2018 (ou 2017... j'ai un doute) mais je ne suis pas déçu.
Voici la première série dérivée du tueur qui est l'une de mes bd préférées. Le tueur revient après plusieurs années d'absence. On nous prévient que les lieux et les enjeux changent. En effet, le tueur a été recruté par la DGSE pour des missions d'élimination. En effet, on sait depuis François Hollande, qui s'en est un peu vanté, qu'un président de la République dispose d'un droit de vie ou de mort sur certains individus peu recommandables. De tous temps, quelque soit le régime (dictature ou démocratie), on a éliminé des individus.
Le constat part sur le fait qu'on peut rendre la vie des autres bien pire que la mort qui apparaît alors comme une délivrance. Le tueur est toujours aussi implacable dans sa manière de penser afin de justifier son métier pas comme les autres. On aimerait ou pas l'avoir comme ami...
Le changement est radical car il travaille pour l’État. C'est clair que sa paye en a pris un coup. On sait presque tous que les forces de l'ordre ne sont pas très bien rémunérées dans notre pays. Par contre, son cœur d'activité n'a pas changé. Il s'agit de mettre hors d'état de nuire en raison de la sécurité du peuple avec pour préalable que les gens n'ont pas besoin de savoir. C'est mieux ainsi.
On apprendra par exemple que la CIA a dit que les assassinats de quelques scientifiques iraniens par les israéliens ont davantage fait dérailler le programme nucléaire d'armement iranien que toutes les sanctions internationales. En effet, si on identifie les individus clefs, ceux sans lesquelles la machine ne fonctionne plus , et qu'on les élimine, alors la machine s'arrête. Plus que jamais, c'est d'actualité.
J'adore cette nouvelle façon de penser qui donne également des vérités même si souvent, on essaye de se voiler la face. Cette narration est sans doute l'une des meilleures que j'ai pu lire jusqu'à présent. La notation série culte pourrait apparaître comme un brin exagérée mais elle correspond à ce que j'aime vraiment dans la bande dessinée. Le tueur est une série qui fait du bien.
Le départ est assez tonitruant et cela promet, car le tueur a désormais le droit de tuer. Il ne va pas se gêner.
Je retrouve le tueur, dans un rôle qui lui va comme un gant, et utile pour la société. J'en viens même à espérer qu'il existe réellement, tant son utilité est évidente.
Les réflexions sur la société se tiennent totalement, elles transpirent la réalité. J'ai eu l'impression de lire du Norek, dans la description de la gestion de la mairie du Havre (dans cet album), les territoires perdus de la république et la corruption des élus.
On est même parfois en dessous de la réalité, mais il faut bien commencer, quand on s'attaque à la racaille qui gangrène notre beau pays.
Certains regrettent des couleurs plus chaudes des précédents albums. Mais pour qui connait Le Havre et sa météo, cela aurait été une absurdité, et cette ambiance de gris est parfaite.
Vivement la suite.
Un peu plus de cinq années entre la fin du Tueur et Affaires d’État. Nous retrouvons un Matz très en forme dans les réflexions du Tueur mais le côté exotique des aventures précédentes manque énormément. Le personnage, au service de la DGSE, mène une vie pépère dans une société où il va même sortir avec la responsable des relations humaines afin de « s’acheter » une sociabilité.
La première mission me paraît partiellement inintéressante tellement elle transpire la banalité des affaires de notre société. Néanmoins, comme le Tueur « travaille » pour la Direction générale de la Sécurité extérieure, il va bien falloir qu’à un moment le côté exotique réapparaisse.
Quant au dessin de Jacamon, je l’ai trouvé en perte de vitesse en comparaison des derniers albums de la première série et les couleurs me paraissent moins chaudes et moins lumineuses. Mais l’histoire se prête aussi à ce côté plus ténébreux.
Au final, l’album est plus que correcte mais le Parrain, Haywood et surtout Mariano manquent terriblement. Il va absolument falloir trouver des personnages secondaires avec beaucoup de charisme.
Habitant Le Havre, j'ai bien aimé m'y retrouver.
Le scénario est impeccable, le dessin un cran en-dessous des albums précédents de par la mise en couleur qui joue moins sur les effets de lumière.
Album enthousiasmant !
Le retour du tueur est une réussite.
Devenu exécuteur pour la DGSE il a gardé son cynisme et sa philosophie sur le monde et l'existence .