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uylaine n’est pas ce qu’il est convenu d’appeler une jolie femme. En fait, Guylaine est moche…, du moins, elle se voit comme telle !
La beauté…, vous avez quatre heures !
Pour leur part, François Bégaudeau et Cécile Guillard s’essayent à appréhender, au travers d'une existence, cette injonction sociétale en quelques cent-quatre-vingt-douze planches.
Au gré des années qui passent, Guylaine traine sa « mochitude », utilise tous les subterfuges pour s'en détacher tout en étant obsédée par cette perfection corporelle qui se refuse à elle. Le choc, la révolte, la tristesse, la quête de sens et, enfin, la sérénité… In fine, Guylaine fera le deuil d’un état de grâce qui l’a ignoré, d’une vie qui aurait pu être différente si elle avait été de celles sur qui les hommes se retournent ! Avec subtilité, les dialogues suivent la progression psychologique d’une héroïne qui ne l’est pas et donne à cette autobiographie imaginaire toute sa densité et son à-propos, car la force première de cet album est d’être terriblement humain. Guylaine devient en fait la porte-parole de cette foule d’invisibles, victimes de la tyrannie de l’esthétisme. Pour dépeindre un tel sujet, Cécile Guillard opte pour une mise en couleur monochrome, terne, aux teintes éteintes sans véritable relief, mais non dénuées de subtiles variations. Le trait est à l’unisson, volontairement épuré, sans fioriture, axé sur l’essentiel en évitant l’accessoire et se retrouve au service d’un récit où le fond prime évidement sur la forme.
La vie d’une moche est de ces albums qui amènent à se poser, ne serait-ce qu’un instant, une foultitude de questions et à regarder le monde différemment… La vraie beauté est intérieure, dit-on, mais uniquement pour ceux/celles qui se donnent la peine de la rechercher !
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