Sacré comique, c'est la vie de Jésus. De la genèse à la «cruci-fiction», en passant par quelques événements majeurs du christianisme, ce sont les fondements du catéchisme qui sont remis en question, sans pour autant basculer dans l'anticléricalisme. Au final, c'est l'évangile selon Goossens, une vision très personnelle qui ne se fait pas prier pour écorcher Caïn, Abel, les apôtres et toute la clique.
Paru en 2011, Daniel Goossens propose une réédition de sa version originale qui s'est, pour l'occasion, enrichie de plusieurs planches désopilantes et étoffée d'un dossier exclusif et inédit consacré au «making-of». Autodidacte, l'auteur n'est pas un précurseur en la matière. Tronchet et son Sacré Jésus, Maester et sa série sur la sympathique Soeur Marie-Thérese des Batignolles se sont auparavant employés à égratigner la religion, en rencontrant chacun un succès mérité. C'est avec un plaisir non dissimulé que les disciples du dessinateur feront leurs retrouvailles avec ses deux personnages fétiches, à savoir Louis et Georges, qui serviront de guides dans la majeure partie des neuf chapitres qui composent ce «nouveau testament» particulièrement grinçant. Pour tourner en dérision le sujet sans jamais le démystifier, le scénariste a usé de nombreux anachronismes, incorporant également des quidams, célébrités ou super-héros empruntés à des époques plus récentes. L'essai est bourré de drôleries, mais pas uniquement, puisque ces parodies suscitent la réflexion sur la place de l'Église et l'utilité de la croyance, chaque paroissien étant libre d'apporter ses propres réponses.
L'humour est aussi et avant tout dans le dessin caricatural et très caractéristique de la fameuse maison d'édition. Avec des pifs proéminents, des bouches surdimensionnées et des goules grimaçantes au possible, le graphisme très incisif, suffit à déclencher un sourire qui restera scotché aux faciès des adeptes du genre, et ce, durant les nombreuses pages qui composent ce très bel écrin.
Qu'il soit athée ou pratiquant, le lecteur trouvera dans cette bible satirique, de quoi activer durablement ses zygomatiques. Et s'il ne devait y avoir qu'un seul commandement : dans ta bédéthèque, Sacré comique tu «Amen» !
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