1878, Nagasaki. Poussée par sa tante, Miyo franchit la porte d’un magasin d’importation pour y postuler. Très peu qualifiée, mais capable de deviner à qui appartenait ou sera destiné un objet, elle est recrutée contre toute attente par l’étonnant patron, Momotoshi. Sous la houlette de ce dernier et de Ganji, son homme à tout faire, la jeune fille apprend l’alphabet et découvre les merveilleuses marchandises venues d’Occident que les notables s’arrachent. Un monde inconnu et combien fascinant s’ouvre à elle.
Avec son allure d’affiche publicitaire dans le style de la Belle Époque, la couverture du premier tome de La lanterne de Nyx donne immédiatement le ton. C’est bien à un voyage dans le Japon de l’ère Meiji qu’elle invite, avec la promesse non seulement d’un dépaysement, mais également d’une multitude de découvertes tournant autour des innovations technologiques occidentales de la deuxième moitié du XIXème siècle. À cette toile de fond plutôt alléchante s’ajoutent un zeste d’humour et un léger brin de fantastique, toutefois, cet élément particulier (le don de l’héroïne) tient davantage du prétexte qu’il n’est réellement développé.
Habituée des albums uniques, Kan Takahama (Le dernier envol du papillon, Le goût d’Emma) ouvre ici une série en six volumes. Dans ce volet initial, elle plante le décor et campe une galerie de personnages hauts en couleurs qui se révèlent tous aussi attachants qu’intrigants. Une fois l’accroche un peu artificielle passée, la mangaka fait plonger le lecteur dans une aventure pleine d’allant qui suit le regard émerveillé que Miyo pose sur chaque nouveauté qu’elle est amenée à côtoyer par le biais de ses mentors. Entre l’arrivée d’un phonographe, d’une machine à coudre ou la nécessité de retoucher en urgence une robe de soirée européenne, il y a de quoi faire, le clou du spectacle étant, évidemment, la lanterne magique offrant des vues réelles de l’Exposition universelle de Paris dont revient justement Momotoshi. Pour autant, l’auteur n’oublie pas de ménager un peu de suspense en s’attardant sur la singularité et les mystères entourant le marchand.
Grâce à l’expressivité du dessin et à la mise en scène adéquate, l’enthousiasme des protagonistes face aux innovations venues d’Europe se révèle communicatif et convaincant, au point que le lecteur se prend à sourire devant leurs visages étonnés ou conquis. Doté d’un trait fin, le graphisme fait la part belle au rendu des émotions, tout en caractérisant bien chacun des acteurs. Il détaille également volontiers les objets importés, tandis que le soin apporté au découpage et au cadrage assure une excellente lisibilité.
De bonne facture, ce premier épisode de La lanterne de Nyx[i/] constitue un agréable moment de lecture. À suivre.
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