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ikola Tesla était un visionnaire. Sa création certainement la plus importante (et assurément la plus barrée) lui a survécu et permet encore aujourd'hui de maintenir la paix aux quatre coins du monde. Atomic Robo - c'est son nom - est à la fois un agent secret, une arme déterminante mais aussi une machine dotée de réflexion et d'un sens de l'humour... particulier. Traversant les époque, il intervient face au danger. Avec plus ou moins de discrétion...
Appel à l'aide, arrivée, bagarre(s), difficulté(s), victoire. Que ce soit sur Mars, au beau milieu du désert égyptien ou face à des fourmis géantes, le schéma d'action du robot-héros est clair, au risque d'apparaître quelques peu répétitif. Heureusement, Brian Clevinger, (re)connu depuis 2001 pour son webcomic 8-bit Theater, fait preuve d'un humour et d'une imagination fournis. Usant de flashback pour étoffer la psychologie de son personnage haut en couleurs et les relations qu'il entretient avec ses alliés ou certains ennemis, le scénariste construit toute une mythologie pleine d'action, sans se prendre au sérieux. Le seul manque à déplorer réside dans l'origine de cette étrange machine qui n'est qu'esquissée.
Ce second degré et son efficacité sont corroborés par les choix graphiques de ses complices. Légèrement cartoon, le trait de Scott Wegener, bien mis en avant par la colorisation de Ronda Pattison, va à l'essentiel. Des décors souvent chiches, une abondance d'onomatopées et un découpage classique, en général de quatre à six cases, constituent le squelette des planches. Le point fort de ce dessinateur autodidacte est à chercher ailleurs : son sens du cadrage et le dynamisme qui en découle. À l'image de l'attitude de leur héros, décontracté et jamais paniqué, la lecture se fait avec aisance tandis que les opérations de sauvetage s'enchaînent sans fausse note. Un quasi sans faute si ce n'est une petite sensation de facilité due aux choix des situations (les nazis sont encore au menu...) qu'il convient toutefois de modérer en se rappelant que la publication outre-Atlantique date de fin 2007.
Léger, déjanté et drôle, Atomic Robo assume son statut de série B. Au vu du nombre de tomes disponibles en VO, nul doute que les auteurs proposeront un peu plus de consistance et de variété. Même dans ce registre, c'est indispensable pour dépasser le stade de gentil divertissement et ne pas tourner en rond. Verdict en juin avec le tome deux.
Atomic Robo est une série d'action délirante publiée depuis 2007 aux Etats-Unis, sur douze volumes. le Robot en question a été créé par Nicola Tesla en 1923 et depuis, passe son temps à sauver le monde contre les génies du Mal, créatures géantes et autres inventions démoniaques. On est clairement dans le même esprit que le très drôle Shirtless Bear Fighter publié l'an dernier. Publié dans la collection comics "Paperback" de Casterman qui jouit d'un très bon écho dans la presse et blogs (format comics, couverture reliée avec quelques effets pelliculés mais pas de bonus... et petit détail, est imprimé en France!), la grande qualité de ces aventures repose sur leur écriture très vive jouant beaucoup sur l'absurde des situations et la répartie du héros. Si le dessin n'a rien d'extraordinaire, il reste lisible et le travail d'expressions (improbable) de ce robot limité à la fermeture de ses paupières métalliques est étonnant. Avec un dessin plus qualitatif on arrivait au niveau du Skybourne de Frank Cho, une de mes pépites de l'an dernier. Malgré la simplicité format timbre-poste des intrigues (en mode porte-monstre-trésor), les auteurs arrivent à varier les plaisirs absurdes comme cette expédition sur Mars où les techniciens ont oublié de donner des lectures au Robo pour les deux ans de voyage. Arrivé sur place il se vengera sur Stephen Hawking, responsable de son calvaire, au travers d'étonnantes constructions... Personnage invincible, le Robo est un gros bourrin qui disserte entre deux mitraillages, sur la possibilité théorique que des fourmis géantes existent. On se marre tout le long et on en redemande!
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