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u Vukland, Run pourrait être un adolescent comme les autres, qui cherche sa place et la tranquillité dans une famille qui en est dénuée. D'un côté Valka, sa mère, engagée dans le maintien des traditions ancestrales, les Kiviks. De l'autre, son père, Georg, chercheur responsable du chantier de construction d'un barrage au cœur du territoire maternel. Alors que ce projet se révèle être un enjeu politique et économique important, un meurtre est commis. Les indices convergent vers le peuple originel de l'île et renvoient vers les KafiKadiks. Ces « pierres de paix » aux propriétés troubles sont également un sujet de discorde entre les parents du jeune homme, qui va se retrouver embarqué malgré lui dans une lutte aux contours encore flous.
Que les adeptes de style réaliste et de cases aux décors luxuriants, aux palettes de couleurs amples et variées s'arrêtent ici. Avec un graphisme taillé à la serpe, Anthony Pastor donne dans l'efficace. Une bichromie et un trait lâché, par moments grossier diront les mauvaises langues, plus proche de ce qu'il proposait avec Las Rosas que de Le sentier des Reines et sa suite. Mais ce traitement ne doit pas être considéré comme un défaut, bien au contraire, tant il sert et l'ambiance et la narration. Dans un pays nordique fantasmé, l'auteur dresse le portrait d'une société mal en point que de récentes élections plongent dans les manifestations voire l'insurrection (tiens tiens....). Au milieu des grèves et des affrontements, deux jeunes personnages se détachent : Run, tiraillé entre ses doubles origines, et Joséphine, sorte d'agent de renseignements en jupe-baskets à la solde de son politicien de père. Ajouté à la disparition tragique d'un ingénieur et au mystère qui entoure les cailloux, ce contexte s'avère dès le départ poisseux et tendu.
La suite n'est guère plus réjouissante. Si les dialogues, qui sonnent juste, sont pleins d’humour et si les protagonistes éveillent la curiosité, le ton, lui, reste sombre. Dosant à merveille la quantité d'informations délivrée, Anthony Pastor aiguise l'intérêt et fait croitre le suspense à chaque page tournée. Avec plus de questions et de pistes soulevées par les sous-intrigues que de réponses apportées, bien malin qui pourra prédire la direction que prendra son scénario. S'il est ouvert à ce parti pris, le lecteur se retrouve rapidement embarqué, d'autant plus que les pierres, qui constituent le nœud de la trame, réservent bien des surprises. Cette narration au cordeau s'accompagne de préoccupations modernes (l'écologie, la préservation de l'environnement, la lutte pour le pouvoir ou l'égalité sociale et l'activisme de groupuscules d'extrême-droite) qui trouvent un écho parfait dans l'actualité.
Ouverture ultra-nerveuse, le premier tome de No War n'est pas qu'une mise en place réussie. Anthony Pastor y déploie tout son talent de conteur pour accrocher et créer l'attente. Vivement août 2019 et l'acte deux de ce thriller de qualité, enlevé et sec comme le froid qui balaie les terres du Vukland.
J’aime beaucoup ce que fait Anthony Pastor. J’en ai déjà parlé et j’en parlerai encore.
Alors qu’un volume final regroupant les tomes 5 et 6 va sortir le 3 mars chez Casterman, je vous présente ici le tome 1.
Cette série tranche avec ses travaux précédents.
No War est un thriller d’anticipation, politique, ésotérique, fantastique, écologique… La couverture claque, les dessins sont épurés, bruts, secs, les personnages dont les destinées s’entremêlent sont attachants et originaux, tout comme cette série qui nous tient en haleine.
Tout cela résonne évidemment avec les problématiques du moment, inutile de dire que cette série ne manquera pas aussi de vous faire réfléchir.
Encore une bd d'un ennui mortel où les dialogues et les scènes qui s'enchaînent sonnent totalement faux. Il y a un sérieux problème à mon sens dans la mise en scène de ce récit se passant dans un état nordique imaginaire où les habitants s'étripent autour d'un projet de barrage.
Il y a en effet un esprit assez insurrectionnel dans cette république qui vient d'élire un nouveau président déjà contesté. Bref, une inspiration gilet jaune qui n'est guère à mon goût. Ce mélange de genre m'a paru assez indigeste à la lecture.
Même le graphisme ne m'a pas séduit. C'est trop urbain, voir un peu punky dans les lignes. On est assez loin d'un style réaliste. La palette de couleur m'a paru assez terne. Le contour est assez gras. Bref, la forme ne m'a pas trop aidé.
Au final, je demeure avec un sentiment plus que mitigé sur ce thriller futuriste. Je ne suis guère preneur de cet univers bizarre.