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Paris 2119

21/01/2019 9975 visiteurs 5.8/10 (4 notes)

L e XXIIe siècle est l’époque du transport dématérialisé instantané, une technologie qui est venue s’ajouter à la virtualisation quasi-généralisée des échanges humains. Certains, comme Tristan Keys, préfèrent plutôt s’en tenir à des pratiques plus éprouvées, quoique devenues désuètes. Écrivain, il aime prendre le métro pour aller à ses rendez-vous et, au grand jamais, on ne le verra entrer dans une de ces satanées cabines TranScore. Cela lui permet de garder les pieds sur terre, au contact d'une déliquescence que la « réalité » numérique tente à tous prix d'estomper.

Après The End, Zep propose un nouveau récit d’anticipation. Parfaitement calibré, Paris 2119 reprend les passages obligatoires du genre. Le héros, un outcast volontaire, est témoin d’anomalies dans un système prétendument infaillible. Il entreprend alors une enquête afin d’en apprendre plus, au grand dam des autorités et de ses amis, cela va sans dire. Pour nourrir son album, le créateur de Titeuf transpose à peine les tendances sociétales actuelles : surconsommation, peurs climatiques, sécurité et, c’est à la mode, le transhumanisme. Fluide et habilement construit, le scénario se montre efficace à défaut d’être totalement original.

Derrière les gadgets du moment, Dominique Bertail dépeint une capitale française guère différente de celle que nous connaissons, à cent ans de crasse près. Très posé et figuratif, son trait évite néanmoins de tomber dans le photoréalisme. Résultat, le rendu est vibrant et nullement glacé. Le dessinateur de Ghost Money réalise ainsi la fusion improbable de la sensibilité de Frederik Peeters avec la précision toute informatique de Fred Beltran.

Il y a près de quarante ans, SOS Bonheur était basé sur les craintes d’un système étatique ne désirant que notre bien, Paris 2119 prend le relais en extrapolant les dernières innovations de la vie connectée. Qu’il soit signé Van Hamme ou Zep, le futur fait froid dans le dos ; heureusement, il reste l’amour.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
5.8

Informations sur l'album

Paris 2119

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 12/10/2020 à 16:49:02

    Je trouve que cette vision futuriste de Paris en l'an 2119 est assez intéressante sur le devenir de la société.

    Quelquefois, si on souhaite vivre dans une société avancée où l'on peut se retrouver en une fraction de seconde de Paris à Tokyo, il y a un prix à payer. On peut également refuser une telle société et c'est ce que semble faire notre héros Tristan Keys qui va mener une enquête assez particulière dans ce Paris froid et déshumanisé.

    J'ai trouvé qu'il y avait un peu d'Enki Bilal dans cet univers et même dans le graphisme. C'est assez surprenant de voir cette orientation que prend cet auteur Zep qui n'en finit pas de nous surprendre.

    Sinon, le thème est proche d'une série comme Black Mirror sur Netflix quant au danger de la technologie.

    Au Fil des Plumes Le 15/07/2019 à 17:11:25

    Tristan est un jeune homme qui est contre Transcore, le nouveau moyen de transports. Il découvre que cette entreprise est dangereuse et commence à se poser beaucoup trop de questions.

    Le scénario est construit comme un thriller qui a beaucoup de rebondissements et qui tient véritablement en haleine. L'univers dystopique dans lequel nous plonge Zep est fascinant et contribue à créer l'atmosphère spécifique de ce roman graphique.

    Bien qu'ayant une intrigue accrocheuse et travaillée, j'ai trouvé les personnages un peu trop stéréotypés. Tristan campe le héros rebelle dans toute sa splendeur et il ne laisse que peu de place à la surprise dans ses décisions.

    Quant au choix esthétique de Zep, il m'a réellement surpris. L'ensemble est très sombre, peu coloré. Les visages ont des traits durs. Zep nous prouve que sa palette artistique est très large et son choix colle parfaitement à l'ambiance de cette lecture. 

    http://aufildesplumesblog.wordpress.com

    thieuthieu79 Le 04/04/2019 à 21:58:47

    Comme souvent avec Zep, on a un début d’album très captivant qui enchaine sur un milieu rythmé pour malheureusement finir sur quelque chose de pauvre, presque bâclé où aucune réelle réponse n'est apportée.
    Néanmoins, l'ensemble est très intéressant et le lecteur se laisse aisément embarquer dans l'univers.
    Le dessin de Bertail y aide beaucoup avec un graphisme sombre, brouillon et angoissant. Sa mise en couleur donne de belles planches même si certaines sont un peu compliquées à comprendre, notamment celles ou dans une même scène, il y a de la pluie et du soleil. Ces cases ne sont pas du tout lisibles et décrédibilisent l'ensemble.
    Mais ce n'est qu'un petit détail parmi tout le reste de l'album qui tient largement la route et nous offre un bon moment de lecture.

    Eric DEMAISON Le 10/02/2019 à 14:49:42

    Très beau livre au dessin très soigné, le scénario nous projette bien dans un autre monde proche et lointain. On y croit sans problème grâce à de petits détails qui sont semés au fil des pages et nous raccrochent à notre société.
    J'ai passé un très agréable moment à lire cet album.
    Pourquoi ce n'est pas mieux? Peut être parce qu'il manque un peu de distanciation. C'est un peu trop moralisateur. Il n'y a pas ce côté dérision (cf certain scénarios de Christin par exemple) qui marquent plus profondément et en font une œuvre plus marquante.

    Shaddam4 Le 06/02/2019 à 11:32:35

    Très joli livre chez un éditeur, Rue de Sèvres, qui soigne ses productions. Une biblio des auteurs est présente en fin d’album et la citation de quatrième reflète parfaitement l’intrigue… au contraire de la couverture, plutôt réussie mais complètement à côté du sujet. Enfin bon, l’objet d’une couverture est d’attirer le lecteur et sur ce plan c’est efficace, la technique de Bertail faisant des étincelles. Le titre en revanche me laisse sans voix, je croyais que seuls les séries Z SF des années 70 utilisaient encore cela… pourquoi ne pas l’avoir tout simplement appelé Transcore? Une version luxe est éditée, avec un cahier graphique de 8 pages et une colorisation différente de l’album « normal », au lavis bleu habituelle de Bertail.

    En 2119 l’humanité a tenté de solutionner la surpopulation et le problème climatique par l’invention de la téléportation. Désormais chacun peut se déplacer instantanément n’importe où sur Terre. Tristan, lui est un nostalgique du XXI° siècle et se méfie de Transcore. Lorsqu’il est témoin d’un meurtre la réalité de son monde semble se dérober sous ses pieds…

    J’ai découvert Dominique Bertail sur Ghost Money, sa formidable série d’anticipation avec Thierry Smolderen (déjà au scénario de la fabuleuse série Gipsy avec Marini). J’y avait beaucoup aimé son trait, alliance d’hyperprécision SF et d’artisanat parfois tremblotant. Surtout sa technique de colorisation en lavis bleuté donne une atmosphère unique à ses planches, d’un professionnalisme redoutable. Sur cette dernière on retrouvait également comme point commun avec Paris 2119 l’esprit de l’Anticipation: la transposition de thèmes hyper-actuels dans un futur pas si éloigné et qui laisse loin le romantisme du Space-Opera. Comme sur les albums de Fred Duval on a affaire à un monde à la fois utopique (par les formidables outils technologiques utilisés aussi quotidiennement que nos smartphones ou enceintes Bluetooth) et dystopique dans la situation catastrophique d’Etats policiers utilisant les réseaux omniprésents pour maintenir un ordre social où les laissés pour compte pourrissent dans les bas-fonds des Cités alors que la situation climatique est apocalyptique.

    L’intrigue est assez proche de celle de Klon que j’ai chroniqué l’an dernier, dans une filiation K.Dickienne évidente. La grande difficulté de la SF est qu’elle pose souvent de passionnants pitch sans savoir les résoudre. C’était un peu le problème de Klon, que réussit à éviter le scénario de Zep que je n’attendais pas à ce niveau de finesse. On retrouve dans Paris 2119 la subtilité de l’approche de Minority Report: proposer autant une intrigue paranoïaque rondement menée qu’un univers formidablement décrit et poussé. Le nombre de détails et éléments de contexte donnent véritablement corps à ce monde réaliste en s’appuyant sur un paysage parisien corrigé par le siècle mais très reconnaissable et qui aide à rapprocher ce temps du notre. Je dirais que c’est Bilal qui a ces dernières années présenté le plus de propositions de ce type mais avec ses mêmes autour du terrorisme que l’on ne retrouve pas ici. Zep a l’intelligence de se concentrer sur son unique sujet en se focalisant sur son personnage principal, très réussi dans son archétype. Cela grâce au trait de Bertail qui se passionne pour les designs futuristes, costumes et personnages toujours très différents.

    C’est l’autre force de cet album, le design. L’élégance des concepts, dans un thème littéraire qui pousse au crime du mauvais goût, est permanente et contrairement à Klon donc qui virait par moments dans le kitsch, c’est bien le dessinateur qui donne vie à ces rues et couloirs de métro. On se passionne comme jamais à parcourir ces endroits connus et habillés à la mode de 2119, à transposer nos visions de 2019 dans cette extrapolation fascinante pour qui aime la Science-fiction. Tous les éléments visuels ne sont pas expliqués, laissant un peu de poésie graphique agrémentée de quelques citations (la casquette du chevaucheur d’Arzach).

    Tout se lit avec grande facilité, malgré quelques rebondissements exactement placés dans le déroulé et les quelques séquences d’action sont très pêchues, tout cela étant la marque de deux auteurs en maîtrise totale de leur art. Et si la chute fera débat je la trouve personnellement très réussie, à la fois intelligente, logique et pleine d’espoir (… avec encore, une citation à Blade Runner cette fois). Paris 2119 est au final une vraie réussite que je n’attendais pas et qui me donne bien envie d’aller rattraper mon retard sur les albums de Zep-scénariste. Mon premier coup de cœur de ce début d’année, qui frôle les cinq Calvin!

    Lire sur le blog:
    https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/02/06/paris-2119/

    Docteur Jones86 Le 06/02/2019 à 01:33:24

    Quelques mois après The End, Zep revient à la SF. Il laisse les pinceaux à Bertail qui réalise un univers visuel intéressant et soigné qui par moment rappel Moebius, rien que ça l'album vaut le coup.
    L'histoire est intéressante. Prenante dans sa partie introductive et dans le déroulement de l'intrigue, on lui reprochera cependant une conclusion trop rapide qui nous laisse un peu sur notre faim.

    Rody Sansei Le 30/01/2019 à 08:54:27

    Une intrigue prenante... mais au début seulement. Quand tout commence à s'accélérer et à se démêler, psshhhiitttt, tout s'arrête brutalement et on a une fin bâclée. Bref, tout ça pour ça...

    FUM2014 Le 29/01/2019 à 21:53:51

    Pas mal, pas mal du tout. Le dessin est superbe, surtout en édition bleu et blanc grand format.
    Le scénario aurait peut être mérité un développement sur un nombre plus élevé de pages (mais on connait tous le coté très radin des éditeurs qui rechignent à payer les planches, mais n'hésitent pas à nous faire banquer pour l'achat de leurs BD), mais il est subtil et décrit les paradoxes de la société ultramoderne et le choix cornélien des individus qui la compose.
    La couverture de l'édition luxe ne m'a pas plu du tout, alors que celle de l'album "normal" est magnifique....Comme le sont Kloé et Tristan...

    Cookandbook Le 27/01/2019 à 16:09:21

    Bon dessin, bonnes ambiances, par contre pour le scénario passez votre chemin... L'intrigue (et le "twist" final) est grosse comme une maison, le monde ressemble un peu à l'univers Orwellien de 1984 en encore beaucoup plus caricatural. En 2019 je m'attends à plus de subtilité (du genre "Ploutcratie", très bon). Les clichés du genre sont nombreux et kitsches.
    Décevant de la part de Zep

    Saint -Jean Le 25/01/2019 à 20:51:51

    J'ai aimé le dessin surtout les ambiances, les couleurs. Le scénario m'a captivé. Si vous hésitez, ben, n'hésitez plus, lisez le. Ca vaut le coup.

    Murakami Le 24/01/2019 à 14:49:02

    J'étais assez curieux de voir ce que pouvait donner l'association d'un dessinateur que j'apprécie particulièrement, Bertail, avec Zep que je ne connais que pour quelques bandes humoristiques. J'ai trouvé leur Paris dystopique de 2119 assez convaincant pour peu qu'on adhère au concept de base qui fait, qu'après l'invention de la téléportation, le concept même de voyage physique tend à disparaître. On nous décrit les conséquences d'un tel bouleversement sur la vie quotidienne des gens et ça ne fait pas vraiment envie ! Ce Paris du futur est tout bonnement cauchemardesque et m'a fait penser, par certains de ses aspects à celui créé par Bilal dans "la foire aux immortels". Le héros étant assez nostalgique du 20ème siècle, il est facile pour nous de s'y identifier. Il va découvrir par hasard quelque chose qui va lui révéler le côté très sombre de ce futur. J'aime bien ce genre de scénario paranoïaque, c'est toujours une garantie pour moi d'avoir envie de tourner la page. Le dessin de Bertail est égal à lui-même, c'est-à-dire de haute volée. Je suis plus mitigé sur le choix des couleurs dans les tons grisâtres. C'est il est vrai en accord avec le climat de l'histoire mais je les ai trouvées trop sombres à tel point qu'elles m'ont parfois caché le trait de Bertail. L'autre version de l'album en camaiëu de bleu doit être pus lisible mais son format et son prix exagérés m'ont dissuadé. Au final, je suis malgré tout très satisfait de cette lecture et c'est un album que je relirai avec plaisir.