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oute famille a ses mythes. Dans celle d’Alice, il est question d’une vallée aux loups et d’un chalet bleu. Le grand-père en parlait et y croyait, mais personne ne les a jamais vus. En balade avec ses deux frères, la jeune fille résout trois énigmes qui lui donnent accès à l’univers de l’ancêtre. Elle y croise Jeantou et choisit de tout abandonner pour lui. Ils vivront d’amour, d’eau fraîche, de pêche et des fruits d’un petit potager. Le couple aura une enfant, Rose ; celle-ci grandit, devient femme… et est attirée par le monde réel.
Jean-Claude Servais adapte une fable de la région de Nice qu’il transpose dans le midi de la Belgique. Dans cette histoire, outre les lieux mystérieux, hors de la réalité et du temps, il y a des lutins, des gamins âgés de mille ans, sans oublier des bêtes et des gens qui coexistent en harmonie. Bref, le registre est celui des contes, nappé d’un peu de conscience environnementale. Le rythme s’avère un peu lent et le propos mince. Paradoxalement, il s’affirme également ambitieux alors que l’homme de lettres et d’images y intègre des éléments de Psychanalyse des contes de fées, un essai de Bruno Bettelheim. Il envoie par ailleurs l’époux du côté des zones de guerre bosniaques, sans que le bédéphile ne comprenne vraiment pourquoi. Romance, créatures mythiques, conflits armés et théorie littéraire, c’est beaucoup pour une bande dessinée de soixante-douze planches.
Les illustrations impressionnent. Depuis plus de trois décennies, le Belge multiplie les albums sans jamais lésiner sur la qualité de son coup de pinceau. Ses représentations des animaux sont particulièrement réussies : cerfs, chouettes ou renards, rien ne l’effraie. Ses héroïnes ne sont pas en reste, en fait l’artiste a toujours su dessiner les femmes jolies, attirantes, parfois nues, mais jamais vulgaires. Il ose même les montrer vieillissantes avec un je-ne-sais-quoi faisant en sorte qu’elles continuent d’être agréables. Les décors, essentiellement forestiers, sont tout aussi convaincants.
Servais le scénariste n’est peut-être pas au sommet de son art dans cet ouvrage ; Servais le dessinateur demeure quant à lui dans le haut de la liste des illustrateurs réalistes.
"Le chalet bleu" reçu sous le sapin de Noël me réconcilie avec Jean-Claude Servais, après "Les chemins de Compostelle" qui étaient vraiment lourds à lire. Même si je retrouve les dessins de "Tendre Violette", je n'y découvre plus vraiment les récits qui m'ont fait rêver pendant tant d'années. "Le chalet bleu" est pour le grand-père qu'il est devenu, le moment pour Jean-Claude Servais de faire le point, de rassembler en un récit les valeurs qu'il veut transmettre. Il manque malheureusement la fougue de ses BD des années '80. La postface de Cécile Bolly a elle toute sa place à la fin de ce type de récit. Cherchez sur internet qui est Cécile, et vous découvrirez un personnage digne des aventures narrées par Jean-Claude Servais. Une personne aux multiples richesses qu'on ne peut oublier après l'avoir un jour croisée.
Du Servais.
Du romantisme forestier et animalier.
Sublime dessin et très belles couleurs de Raives.
Très belle histoire pleine de tendresse et très bien dessinée.
A lire pour les amoureux de la nature.