E
ntre essor économique indispensable, respect de l’environnement et acceptation sociale, le rôle du maire, surtout dans une commune de petite taille, n’est pas aisé. De plus, certaines décisions logiques ou enviables à un moment peuvent rapidement devenir obsolètes, voire dramatiques quelques années après. Le climat change, les connaissances et les devoirs de responsabilité se précisent sans cesse. Pour éclaircir cette situation pas toujours enviable, Pierre-Roland Saint-Dizier a imaginé et suivi sur cinquante ans Malberosse, un village fictif de la côte occidentale française.
Œuvre hautement didactique publiée avec le concours du Conservatoire du Littoral, Le signal de l’Océan présente précisément les différents enjeux qu’affrontent les habitants d’une localité sise face à l’Atlantique. Le développement du tourisme qui demande des infrastructures lourdes, le refus du bétonnage des côtes, la peur de perdre son identité, etc., tous les aspects de cette problématique sont passés en revue. Le scénariste a intelligemment évité de pointer du doigt d’éventuels « coupables » des aléas qu’endure le hameau au fil des marées. Pour cela, il a spécialement fait attention de remettre chaque arbitrage dans son contexte historique. La vision du progrès n’était pas la même sous Giscard d’Estaing que celle à la mode dans le quinquennat présent. Au final, plus proche d’une étude de cas de gestion urbaine que d’un thriller, la lecture est intéressante, mais passablement rébarbative tant l’important message porté par le Conservatoire écrase toute tentative romanesque.
Aux pinceaux, Joub et Nicoby illustrent avec enthousiasme cette fable devenue écologique par la force des choses. Spécialistes du récit marin et côtier, ils maîtrisent leur sujet et offrent quelques beaux moments de bravoure graphique avec d’impressionnantes vues aériennes habituellement réservées aux seules mouettes. L’inexorable course du temps est également très bien suggérée. Les statures s’affaissent, les cheveux grisonnent, les enfants grandissent et finissent logiquement par remplacer leurs parents d’une manière totalement naturelle.
Agréable, mais terriblement terre-à-terre, Le signal de l’Océan est avant tout là pour illustrer les tenants et les aboutissants d’une saine utilisation du bord de mer. Il remplit parfaitement le contrat. Par contre, rares sont les passages où le lecteur sentira l’air du large lui caresser les joues.
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