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Warship Jolly Roger 4. Dernières volontés

19/03/2018 7685 visiteurs 6.3/10 (3 notes)

S ur le plateau ce soir, deux personnalités se font face : Vexton, le président actuel, et Rebecca Veri, sa fidèle assistante, enfin, ex-assistante. En effet, celle-ci s'est engagée contre son supérieur pour le poste de commandement de la Confédération. Loin d'être cordial, ce duel est certes l'occasion d'opposer leur vision de l'avenir mais surtout de persifler l'un et l'autre. Dans le contexte explosif de guerre civile, les préparatifs du mariage avec la star holo Pénélope Tora apparaissent bien frivoles et font prendre un sérieux coup à la crédibilité du dirigeant sortant. Du haut de son vaisseau, Jon T. Munro assiste au débat télévisé et garde son sang-froid. Son objectif ? Venger la mort de son fils en perpétrant un attentat le jour même de la cérémonie nuptiale. Cependant, il semblerait qu'il ne soit pas le seul à vouloir profiter de cette opportunité pour rayer de la planète le détestable chef suprême.

Sylvain Runberg (Orbital) conserve la noirceur prégnante du tome précédent. Exploitant la dimension dramatique en mettant à mal les alliances originelles et dévoilant le vrai visage des personnes, le scénariste développe une certaine profondeur qui fait de Warship Jolly Roger une série de qualité. L'action, les enjeux multiples et les retournements de situation ne sont pas reste en entretenant une tension et un suspense constants. Au cours des quatre épisodes, le lecteur s'est attaché à l'équipage hétéroclite où chacun possède une personnalité forte et espère que la fin ouverte n'est que prémisses d'un nouveau cycle.

L'influence de l'animation sur le dessin de Miki Montllo se ressent, mais il s'est forgé son propre style et a exploité son expérience pour proposer des cadrages et des angles de vue pertinents et dynamiques. Loin de la froideur informatique, les couleurs et la luminosité engendrent une lecture fluide et réellement agréable.

À la fois surprenante et inévitable, la conclusion sous forme de Dernières volontés confirme la qualité de ce space opéra qui, sans révolutionner le genre, en expose un excellent exemple.

Par L. Moeneclaey
Moyenne des chroniqueurs
6.3

Informations sur l'album

Warship Jolly Roger
4. Dernières volontés

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L'avis des visiteurs

    Shaddam4 Le 16/05/2018 à 15:52:44

    Warship Jolly Roger fait partie de ces belles découvertes de librairie, dont vous n'aviez pas entendu parler mais dont quelque chose vous a fait comprendre qu'il s'agit d'une série majeure à venir. Scénariste du réputé Orbital (que je n'ai pas lu), Runberg emmène son comparse l'espagnol Montllo dans une odyssée SF d'un héros de guerre parti se venger du président corrompu de la confédération humaine qui en seulement quatre tomes s'impose comme l'une des séries Space-opéra majeure de la BD.

    Le dernier acte approche. Réunis à bord du vaisseau de guerre Jolly Roger, les comparses de Munro ainsi que le couple de roboticiens enlevés précédemment préparent l'assaut final sur le président Vexon qui doit se marier avec une star de cinéma en pleine campagne présidentielle qui l'oppose à son ancien aide de camp...

    La trame principale de Warship Jolly Roger (WJR) est simple: une histoire de vengeance, d'un militaire discipliné contre un politicien pourri prêt à tout pour se maintenir au pouvoir. Dès le premier tome il emmène avec lui un équipage d'anti-héros absolus: un psychopathe, la fille de la cheffe de la résistance militaire à la confédération, un adolescent mutique semblant communiquer avec les machines... On a vu cela mille fois. Mais ce qui fait (sur le plan du scénario) la grande force de WJR c'est le traitement, l'itinéraire surprenant que prennent les personnages mais aussi cette trame. Par une infinités de décrochements par rapport à ce qu'on pourrait attendre, Runberg maintient notre intérêt au sein d'une atmosphère calée sur la psychologie de ce formidable héros qu'est Munroe: décidé, sombre, revanchard, l'on sait dès les premières planches que cette victime des plus terribles machinations, rouage abandonné à la cause du grand méchant, ne capitulera pas, quel que soit le prix. La cohérence des personnages est leur force et leur donne de l'épaisseur et aucun des trois acolytes n'est un faire-valoir. Le scénario évite ainsi subtilement tout cliché alors que l'enrobage y tendrait. Comme souvent ce sont donc bien les personnages et leur "vraie vie" (aucun ne glisse sur l'histoire sans heurts) qui constituent la force de cette histoire: un méchant abominable qui semble contre toute attente se laisser griser à l'amour malgré les abominations qu'il a commises, un anti-héros que le scénariste n'a pas fini d'assassiner psychologiquement, une jeune fille subissant les affres physiques de la guerre et décidée à combattre sa mère qui l'a remplacée pour une cause politique, un mutant autour duquel l'intrigue tourne étrangement, comme hésitant à en faire le véritable héros,... La galerie est réussie par-ce qu'ils vont jusqu'au bout de leurs décisions et que les auteurs aiment à leur donner du corps. Les soubresauts que vivent chacun des personnages rompt l'inéluctabilité de l'intrigue principale en nous faisant craindre réellement que le méchant puisse gagner à la fin...

    Mine de rien les thématiques de WJR sont nombreuses: avant tout la politique et sa corruption, mais aussi la colonisation, le rôle de l'armée entre garante de l'ordre et la responsabilité en cas de morts, les manipulations scientifiques, la pollution des planètes, la rébellion (thème déjà vue dans Shangri-la avec une même optique), le rôle des médias,... Les thèmes sont familiers aux lecteurs de SF et répartis de façon très équilibrée dans les quatre albums dont les scènes d'action ne sont pas forcément les moments les plus réussis (hormis les batailles spatiales), au contraire des dialogues percutants. La découverte de ce régime pourri et le côté vicieux avec lequel le scénariste malmène ses héros sont passionnants et donnent envie de s'y immerger.

    Le graphisme de Montllo produit exactement le même effet: avec une technique issue de l'animation, avec des textures très plates, le dessin pourrait passer pour simpliste, mais par sa maîtrise du mouvement, des visages (très travaillés, notamment dans leurs expressions), Montllo fait de WJR une série graphiquement très réussie et qui peut faire penser à Gung Ho. Petit bémol sur ce dernier album où l'auteur commence à utiliser une habitude des illustrateurs numériques: l'insertion d'images internet retouchées... dont la finesse laisse à désirer, ce qui est dommage. Mais ce sont des éléments mineurs dans ces planches aux cases larges, aux couleurs appuyées mais très réussies, toujours en clair-obscure (l'essentiel des scènes se passent dans l'espace, de nuit ou en intérieur). Si les décors et vaisseaux ont un effet "cartoon 2D", les gros plans de visages, les plans latéraux et même les anatomies (malgré le style simplifié) montrent la grande maîtrise technique de Miki Montllo, qui présente régulièrement sur les réseaux sociaux des vidéos de work in progres de ses planches.

    Alors laissez-vous entraîner dans l'équipage de Jon T Munro et apprécier ces moments comme dans toute bonne série télé où l'intrigue devient secondaire face à l'atmosphère et la proximité que l'on acquiert envers des personnages attachants et un méchant à qui on a très très envie de botter les fesses. La fin de Warship Jolly Roger, très réussie, permet en outre d'envisager une suite, que je suivrais très volontiers!

    A lire sur le blog:
    https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/05/16/warship-jolly-roger-4