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n dépit de ses progrès, surtout en Pinyin, Zhou Zhou trouve vraiment le temps long à l'école. Sa maman a toujours aussi peu de temps à lui consacrer et ses cousines, Tingting en tête, ne semblent plus disposées à lui rendre la vie facile. Heureusement le jeune (et beau !) Yang Lin continue d'être prévenant et sympa. Et dans le monde de Zhou Zhou il n'en faut pas beaucoup plus pour retrouver le sourire.
Avec cette suite des aventures de la petite chinoise, Golo Zhao poursuit, avec autant de bonheur, sur les bases posées précédemment : découpage et mise en page variés, grandes cases aux illustrations colorées, trait rond, bouilles trop mignonnes et exagérations, maîtrisées, des expressions. Les décors peuvent paraître sommaires lorsqu'ils sont en intérieur mais le créateur de Passeur d'âmes déploie tout son talent lorsqu'il s'agit de mettre en dessin l'imagination débordante de l'écolière ou de peindre les paysages en arrière-plan comme ses cieux aux teintes chatoyantes du plus bel effet.
La trame imaginée par Bayue Chang'an, dont c'est la première série publiée en France, se recentre sur l'intégration de l'enfant à l'école, délaissant quelque peu le côté onirique et prenant une tournure plus intime. Son héroïne, à la personnalité atypique mais attachante, grandit à une vitesse folle en essayant d'appréhender le monde qui l'entoure. Son côté décalé est toujours bien présent et lui sera bien utile pour surmonter les difficultés rencontrées : Zhou Zhou n'hésite pas à se réfugier dans son imaginaire lorsque les fêlures - l'absence de son père, la jalousie - sont esquissées ou qu'elle est confrontée à une situation difficile à gérer. La prise de conscience ses lacunes scolaires, la sélection au concours puis sa participation sont autant d'étapes qui permettent de construire une relation forte entre elle et son nouveau prétendant. Ainsi, les premiers émois amoureux pointent le bout de leur nez et l'auteur joue à loisir sur l'innocence de la petite fille (qui n'hésite pas à s'emballer dès qu'un garçon lui montre un peu d'intérêt) pour les retranscrire sous un angle attendrissant. En évitant le piège de la romance mielleuse ou du sentimentalisme à outrance, l'histoire est également un prétexte pour découvrir un nouvel aspect de l'enseignement chinois, la place de la littérature, de l'éloquence comme l'importance de la compétition. Les séquences s'enchaînent avec facilité, les défauts de rythme ressentis avec le premier tome ayant été gommé, la narration est, cette fois, pleinement fluide. Toutefois, malgré la forte pagination les personnages autour de Zhou Zhou (en premier lieu sa mère) tarde une nouvelle fois à dévoiler motivations tant leurs psychologies restant peu développées.
Le Monde de Zhou Zhou offre une vision poétique et nostalgique sur l'enfance ainsi qu'une mise en lumière originale d'un pan de la culture chinoise et de la vie de ses écoliers au travers les yeux d'une fillette attendrissante et drôle. Avec ce deuxième acte, plus plaisant, la suite (puisqu'elle est annoncée en fin d'ouvrage) laisse présager encore un bon moment de lecture.
Lire la chronique du tome 1.
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