Le robot qui rêvait... au milieu d'une mer d'huile, une barque avec à son bord, Ada et son compagnon Alex. Qu'est ce que cela signifie ? Qui pourrait interpréter le songe d'une machine et surtout, est-ce bien un songe ? En définitive, n'est-elle qu'une machine ?
Sarah Vaughn clôt sa trilogie d'anticipation qui révèle cependant un haut degré de réalisme. Avec ce tome plus sombre, elle évite la bluette pressentie et approfondit, tout en l'élargissant, le questionnement éthique et humain : la mort, l'existence de l'âme, la jalousie, l'atteinte aux libertés... Sans effet ni artifice, mais simplement au travers des interrogations et interactions des personnages, la scénariste développe une intrigue crédible et, en parallèle, une réflexion sérieuse. Au vu de l'avancée fulgurante des progrès dans le domaine de la robotique et de sa place prépondérante dans la collectivité, il est inévitable que l'Humanité sera confrontée à ce genre de problématique qui s'avère intemporelle : la stigmatisation de toute minorité dérangeante ou seulement différente.
Jonathan Luna possède un style épuré surprenant qui peut ne pas convaincre. Très simple avec peu de détail, des attitudes un peu rigides et des couleurs uniformes, ce graphisme lisse au rendu informatique sied néanmoins parfaitement à l'univers aseptisé où l'inanimé se confond et s'associe au vivant. Cette homogénéité visuelle, associée au découpage majoritairement constitué de plans-séquence, déroule l'action et maintient une tension latente.
Sobriété, justesse et sensibilité, ses qualités se retrouvent dans cette série qui interroge légitimement le lecteur sur son avenir au sein d'une société de plus en plus robotisée, son contrôle de l''intelligence artificielle et, plus largement, son comportement face à l'inconnu.
chronique du tome 1
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