À Dakar comme à Paris, la Seconde Guerre mondiale balaye tout et fait remettre à demain les projets d’aujourd’hui. Pour Yéli, c’est sa toute proche prêtrise qui devra attendre ; la Mère-Patrie a besoin de lui ! Direction la France, sus aux Allemands ! Quelques semaines plus tard, c’est la défaite et la capture. Lui et les siens sont incarcérés sous bonne garde dans un stalag temporaire en Bretagne. Entre les privations et les brimades, il reste heureusement de bonnes âmes pour continuer à croire à la bonté du genre humain, Jeanne la jolie institutrice en particulier…
Après Lax (Les chevaux du vent), c’est au tour de Kris de tailler un scénario sur-mesure pour Jean-Claude Fournier. Le co-créateur de Notre Mère la guerre a imaginé un mélange habile d’anecdotes historiques (les bataillons africains de l’armée française et leur sort après la débâcle de 1940) avec un récit intimiste dramatique, le tout sur fond de biniou et de météorologie contrastée. L’intrigue est claire, les situations presque simplistes et les personnages très bien définis, du moins en apparence. En effet, à l’instar du duo Dugomier – Ers dans Les Enfants de la Résistance, Kris ne cache aucune facette de ces instants tragiques et offre une description frappante de ce moment dans l’Histoire. La ballade n’est pas une promenade de santé et les corps tombent, irrémédiablement fauchés par les balles de l’ennemi.
Cette double approche terre-à-terre et romanesque sied particulièrement au trait semi-réaliste tout en douceur du dessinateur des Crannibales. Mieux encore, l’opposition entre la violence et le côté bucolique de la bourgade renforce la dénonciation de l’absurdité de la folie des hommes. Pour le reste, Fournier est dans son jardin et présente avec beaucoup de tendresse son petit coin de pays. Malgré le découpage très dense (quatre voire cinq bandes), sa mise en page est limpide. Les décors regorgent de détails et les protagonistes semblent respirer pour de vrai. À près de soixante-quinze ans, l’artiste n’a rien perdu de son talent et de sa précision.
Histoire d’amour voilée, fable humaniste, rappel salvateur, Plus près de toi est un album prenant d'une grande richesse et finement réalisé. Suite et fin dans le prochain tome.
Une histoire peu intéressante à mon goût, si ce n'est le fait de nous apprendre un fait historique peu connu : le sort des tirailleurs sénégalais prisonniers des Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Qui plus est, le dessin de Fournier est très décevant : le trait est beaucoup trop simpliste (dans le mauvais sens du terme) et manque réellement d'âme. On est loin du dessin enchanteur et dynamique dont il nous gratifiait dans ses albums de SPIROU ET FANTASIO.
A lire pour les références historiques, mais il y a clairement mieux dans cette collection "Aire Libre".
Très agréablement surpris par la lecture de ce premier volume.
Kris nous raconte, une fois encore, une histoire toute empreinte d'humanité, sur un fond tragique, l'occupation allemande en Bretagne.
Je ne sais pas si ce récit repose sur une vérité historique ou non (apparemment il est inspiré "en partie de faits réels") mais la description d'un village breton abritant un camp de prisonniers sénégalais, est tout à fait saisissante, et la générosité de ses habitants est de très loin des clichés que l'on peut se faire de cette sombre période.
Beaucoup plus habitué au style de Jean Claude Fournier (que l'on retrouve sous les traits du père missionnaire, page 9) dans sa reprise de Spirou et Fantasio, il s'éloigne ici du pur Franco-Belge pour un univers un peu plus réaliste.
Une très belle surprise donc.
vivement le tome 2.
Encore un petit fait historique que Kris porte à notre connaissance. De là, l'auteur nous propose une histoire dans l'Histoire, gentiment mise en image par Jean-Claude Fournier. Personnellement, j'aime le travail graphique de cet éternel gamin de 74 ans qui s'est caricaturé sur quelques cases de ce T1. C'est très doux, très rond comme le personnage principal de l'intrigue sans que cela soit mièvre.
Ca paraîtra conventionnel à certains mais ça change de certaines prises de tête avec un dessin foutraque.
Et puis, pour une fois ce sont les noirs (africains se revendiquant à juste titre français) qui sont campés positivement...