« - Eh écoute ça…
… plus de 1 milliard de personnes vivent avec moins de 1 € par jour !
- Et alors qu’est-ce que j’y peux ? Si tu comptes me faire culpabiliser, tu te mets le doigt dans l’œil !
- Mais non… ça veut dire qu’il y a un marché de 1 milliard d’€ par jour à prendre ! »
Ça se passe comme ça à la K.rot. Les yeux rivés sur les trends, des lapins s’affairent à simuler des négociations à l’issue connue d’avance, à jongler avec la variable salariée puisqu’on ne peut plus influer sur le cours des matières premières, à cherche des débouchés à des produits qui restent à créer. Et il faut bien avouer que, vu de l’extérieur, c’est vraiment marrant. On peut se délecter du cynisme souriant qui baigne l’ensemble de ces gags en une planche, sans la pointe d’acidité coutumière au genre. En fait, on a probablement plus souvent vécu les scènes où les lapins à cols blancs s’échinent à justifier leur utilité dans la boîte que celles où Dilbert est confronté à ses clients exotiques. Question de culture sans doute.
Le titre laissait craindre le pire et pourtant, dans le registre, c’est une réussite. L’écueil des facilités vindicatives et démagogiques lorsqu’on parle d’économie de marché et de relations de travail est le plus souvent évité. Digne du style de certains chroniqueurs de presse, le dessin de Bruno Madaule, à qui l’on doit les réussis Zinzin’venteurs pour la jeunesse, est redoutable d’efficacité.
Egarés dans la « Jungle » peuplée de fréquentations peu recommandables de Castorman (sic), les lapins de K.rot font figure d’exception et ont désormais un défi à relever : le tome 2 "Tri sélectif"*, celui du recyclage des situations recyclées. Celles à mettre dans les containers jetables, en verre, en carton, en bois. Ces containers qui iront dans les containers à containers, en verre, en carton, en bois…
*NDLR : je n'ai aucune idée du titre du t2 en fait.
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