"Marc, je suis passée au centre... Olivier est autiste." À ces mots, la vie de Marc et de sa compagne, Chloé, bascule. Devant la froideur des spécialistes, la peur et l'incompréhension face au cas de leur garçon, le jeune père se refuse à subir et baisser les bras. "Moi, je ne m'intéresse pas à l'autisme en général, je m'intéresse à mon fils."
Yvon Roy, illustrateur de formation, n'avait pas beaucoup de bouteille dans la bande dessinée avant de s'atteler à sa première réalisation en tant qu'auteur complet. Le sujet, autobiographique et sensible, pouvait s'avérer ardu mais il en fait une histoire d'amour, de patience et de combat, pleine d'espoir. Avec humour tout d'abord, il décrit l'annonce, le diagnostic et la prise en charge... impersonnels et par trop cliniques. Avec tact ensuite, il se met en scène sans travestir ses erreurs, ses défauts, ses doutes et l'inéluctabilité de la séparation. Enfin, avec distance et une facilité déconcertante, il rend compte de l'investissement dont ils - son ex-compagne et lui-même - ont fait preuve pour aider leur fils à avancer et vaincre, pas à pas, l'extrême solitude dans laquelle sa maladie l'enfermait.
Toute leur philosophie tient d'ailleurs en une phrase : « je ne veux pas qu'il apprenne à vivre avec son handicap, je veux qu'il apprenne à le surmonter ». Et pour se faire, l'auteur montre comment à force d'investissement, de méthode, de patience et d'ingéniosité les efforts et les petits jeux qu'il imagine maintiennent le fil du contact, entretiennent la confiance et la développe. Déroulant les étapes marquantes, anodines à première vue mais essentielles, de ce double apprentissage, pour l'enfant comme pour les parents, il rend parfaitement compte de ses propres baisses de moral, ses réflexions, ses envies de bien faire et des progrès effectués comme autant de victoires. Sans être moralisateur, ni vouloir servir d'exemple il livre une vision de l'intérieur, sa vision, avec ce qu'il faut de distance et d'auto-dérision pour rendre la lecture prenante, touchante et surtout universelle. Cette sensation est accentuée par le soin apporté aux dialogues, qu'il expurge de toutes expressions trop connotées québécoises et élargit ainsi encore l'identification. Pas besoin d'être touché de près ou de loin par le handicap d'un enfant pour se reconnaître dans certaines situations, ni d'être père (ou mère) pour ressentir l'affection qui entoure et accompagne les pas dans la vie de ce môme si attachant.
Par un trait simple, à mi-chemin entre réalisme et caricature, il parvient à insuffler l'expressivité nécessaire à ses personnages. Sans fioriture et en noir et blanc, le dessinateur va à l'essentiel et maintient la lisibilité de la première à la dernière planche. Rappelant par moment Les pilules bleues de Frédérik Peeters (sans le travail sur l'encrage) dans son approche graphique, cette histoire qui renvoie à Ce n'est pas toi que j'attendais de Fabien Toulmé, vise juste en racontant aussi par les images. Efficace et pudique, le dessin fait mouche à chaque page.
Les petites victoires est un bel album, par le fond autant que par la forme. Au-delà du thème, Yvon Roy offre un récit touchant, toujours juste et finalement éminemment joyeux en s'appropriant le médium avec un talent incroyable. À lire et à relire, que l'on soit parent ou non.
Il y a des choses qui me choquent véritablement dans cette société. On nous présente un auteur qui n’a pas peur de révéler à la face du monde qu’il fume de la drogue. Je suis atterré par le fait de présenter cela comme une normalité de la société alors que c’est sévèrement puni par la loi. Ce n’est d’ailleurs pas également un bon exemple pour la jeunesse qui pourrait même être incité à imiter. Certes, les addictions permettent de s’échapper à une triste réalité mais il y a certainement d’autres moyens plus légaux.
Autre chose en tant que parent, je ne me suis jamais mêlé des petites bagarres de cours de récréations en exigeant auprès de la directrice de l’établissement scolaire la peine la plus sévère pour un camarade ayant tapé mon enfant. J’ai été également très choqué par cette attitude de l’auteur d’ailleurs assez fier de son fait d’arme. Par ailleurs, le personnel enseignant ne peut éviter tous ces désagréments dans une cour en étant derrière chaque enfant. Il faut savoir faire preuve d’une certaine souplesse.
Ecrire une bd et livrer son quotidien expose à la critique. On peut même éprouver parfois une sympathie ou une antipathie. C’est vrai que j’ai grincé des dents à plusieurs reprises pour n’avoir cité que deux exemples frappants. Pour autant et malgré cela, je vais mettre 4 étoiles. Non par pitié mais pour avoir exprimé les choses en toute sincérité avec une manière qui m’a finalement convaincu. On peut être pas d’accord mais ressentir quelque chose de plus fort qui nous dépasse.
Ce père a visiblement une méthode bien à lui pour faire progresser son enfant autiste qui va parfois à l’encontre de celle proposées par des spécialistes médicaux. Il a également beaucoup de patience que n’auraient pas forcément tous les autres individus. Je suis admiratif par rapport au résultat obtenu et qui marque un progrès d’où ces petites victoires.
Etre parent d’un enfant malade ou handicapé n’est pas une chose facile car il y a beaucoup d’obstacles à surmonter. Visiblement, son couple n’a pas tenu mais il est resté une famille pour ce petit garçon. Il y a également le regard des autres et de l’exclusion. Là encore, il arrive à se dépasser en trouvant les bons mots ou les bonnes attitudes. Il a compris le sens de la communication.
C’est une œuvre bouleversante qui nous est proposé sur une thématique très difficile. Je suis certain que cette expérience peut aider d’autres personnes dans le même cas et qui ont baissé les bras. Cette bd est tout sauf inutile ne serait-ce que pour une prise de conscience même des personnes non impliquées. Il s’agit de faire changer le regard sur la maladie et les handicaps. C'est vrai qu'il y a encore du boulot quand on voit les réflexions et le manque manifeste de sensibilité des uns et des autres dans la vie de tous les jours. Un espoir dans une triste réalité.
Le récit du dressage d'un enfant autiste pour qu'il réponde aux envies et aux besoins de son père. Dur à lire quand on considère les personnes atteintes d'autisme comme des personnes à part entière.
Une BD témoignage touchante et fort bien mise en image avec juste assez d’humour et de distance pour aimer les personnages sans voyeurisme. Cette idée que ce sont les petits combats gagnés tous les jours qui font les grandes victoires peut s’appliquer à tout le monde, ce qui fait que l’on peut s’identifier à Yvon et en même temps admirer son courage et sa ténacité.
La BD est un média formidable pour transmettre de façon ludique des messages forts.
A lire et à faire lire pour reprendre confiance dans l’humanité.
Cette BD était passée sous le radar. La honte !
Ce récit touchant et plein de sentiments est superbe. Il raconte les premières années de l'éducation d'un jeune garçon autiste par ses parents divorcés. Le focus se porte sur la volonté du père. Chacun retrouvera un peu de ce qu'il est dans ce livre. Mais la volonté et la persévérance de ce papa sont très émouvante. Elle l'est plus encore lorsqu'on s'imagine à sa place.
Cette BD, vous l'aurez compris, est de celle qui font réfléchir qui peuvent apporter un peu à tous.
Le dessin illustre, sans fausses notes, toutes les émotions et sentiments présents dans l'histoire.
Très bonne lecture à vous !
Il y a des bd auxquelles on n'aurait pas prêté attention ! Et dans ce cas là cela aurait été dommage! Les Petites Victoires ne tombe pas dans le misérabilisme bien au contraire. Voilà un parcours plein d'humour, de partage et d'échange. Très agréable !