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ne fillette et son petit frère sont oubliés au musée. Cherchant la sortie, ils découvrent différentes salles et expositions. Leur périple se transforme rapidement en une odyssée dans le monde des savoirs réels et imaginaires. Ils croisent Ernst Jünger et Théodore Adorno, les schtroumpfs et le lapin d’Alice, l’urinoir de Marcel Duchamp et les toiles de Mark Rothko, les statues de l’île de Pâques et un vase Ming... entre autres. Le bédéphile y déniche même des bribes d’analyse comparative des arts séquentiels européens, américains et nippons.
Sascha Hommer propose un projet complètement déjanté, sans queue ni tête, mais fascinant. Le musée est ici le lieu où sont consignés absolument tous les acquis de l’humanité. Avoir accès à la connaissance est une chose, mais bien l’assimiler en est une autre. Les héros confondent Théo et Vincent Van Gogh et détournent les écrits de Marshall McLuhan en lui faisant dire « Le message est le médium ». Leur démarche rappelle d’ailleurs un peu celle de Bouvard et Pécuchet, les deux nigauds de Flaubert qui se sont lancés dans une aventure similaire il y a cent-cinquante ans. Dans l’ensemble, l’entreprise du scénariste est ambitieuse, parfois étourdissante, mais dans le bon sens du terme.
Autant l’histoire est dense, autant le dessin de Jan-Frederik Bandel est sommaire. Ses petits bonshommes sont vitement tracés à l’ordinateur, puis recopiés à l’infini. Les décors sont également minimalistes. Chaque planche compte trois bandes, généralement constituées d’un trio de cases de taille rigoureusement identiques. Cela dit, ce dénuement n’est pas forcément problématique dans ce type de bouquin où l’illustration n’est qu’un support.
Enfin, le livre en tant qu’objet est attrayant : impression à l’italienne, papier très épais et titre découpé dans le carton de la couverture. Bref, l’éditeur a fait du bon boulot.
Un ouvrage dense, volontairement décousu, à lire quelques pages à la fois et à ne surtout pas offrir aux enfants, même si au premier abord il semble leur être destiné.
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