L
orsque Galilée se souvient de Johann Kepler, il ne peut s'empêcher de revenir en 1594, année de leur première rencontre. Sur l'île de Ven où le danois, Tycho Brahe, a installé un observatoire, Uraniborg. Le premier, au grand dam du second, avait été appelé par le maître des lieux pour les aider à résoudre une série de crimes. Des crimes d'une extrême sauvagerie, perpétrés les nuits de pleine Lune, que Galilée et Kepler vont devoir résoudre rapidement pour éviter la panique des habitants et la fermeture du centre de recherches.
Après l'Italie du début du XVIème siècle, c'est sur la Scandinavie, huit décennies plus tard, que Stefano Carloni va laisser courir ses crayons. Avec son trait semi-réaliste, agile et fin, encore plus travaillé, il brosse les visages avec la même aisance qu'il détaille les décors. Le dessinateur italien montre également de belles dispositions dans son découpage et ses angles de vue. Mention spéciale aux paysages enneigés, souvent bluffants de jour comme de nuit. Enfin, son association avec le coloriste Franck Isambert confirme l'impression laissée il y a dix mois : le second bonifie avec talent le travail du premier.
Concernant l'intrigue, les principes établies sont respectés : deux savants - un illustre et un en devenir - doivent mettre en commun leurs intelligences pour résoudre une série d'homicides troublants. Luca Blengino continue d'exprimer son savoir-faire pour bâtir une histoire prenante, respectant les codes du polar avec fausses pistes et rebondissements. Le scénario peut paraître classique, mais sa maîtrise narrative permet une immersion constante tandis que le fond historique augmente l'intérêt.
Déclinant le postulat mis en place avec Ferrare, 1512 - Du plomb en or, Uraniborg, 1594 - La Bête de l'île confirme les qualités entrevues précédemment et constitue un moment de lecture plaisant dans un cadre dépaysant. De quoi surveiller le prochain duo d'enquêteurs qui se frottera aux plumes des auteurs.
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