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ergerac, 1842. John Bost entreprend son travail auprès des orphelins et des malades de tous âges. Le pasteur calviniste leur offre le gîte et le couvert, mais aussi l’affection et l’instruction. En quelques années, il construit un ensemble dédié aux personnes en difficulté. Sur un vaste terrain, se trouvent, entre autres, un temple, une école, des pavillons destinés aux déficients mentaux, aux aveugles et aux épileptiques. Le financement des infrastructures est assuré par un petit groupe de philanthropes, mais également par sa riche épouse qui n’hésite pas à éponger les dettes.
Le protagoniste décède en 1881. Son successeur, Ernest Rayroux, est guidé par monsieur Imbert, le directeur d’un des asiles. Il lui raconte l’histoire des lieux et la vie de celui qui les a construits. La formule est efficace, elle permet de donner la mesure de ce qui a été accompli à une époque où la psychiatrie est encore balbutiante. Le lecteur pourra reprocher le ton didactique de l’entreprise, mais c’est un peu le prix à payer pour communiquer une information consistante dans un nombre restreint de pages.
L’auteur est de toute évidence ébloui par son sujet. Le récit n’est pas hagiographique, mais peu s’en faut : l’homme est un pianiste de grand talent (il a été l’élève de Franz Liszt), il a lui-même établi les plans d’une chapelle, il a un indéniable charisme, il est visionnaire, humaniste… Bref, il est sans failles ; à peine lui reprochera-t-on d’être parfois trop dur avec certains patients. Une accusation qu’il réfute.
Le dessin de Bruno Loth supporte avec justesse le propos. De toute évidence extrêmement bien documenté, il croque avec beaucoup de rigueur la vie dans les auspices de l'époque. Son coup de crayon rappelle la production illustrée du XIXe siècle ; au hasard de certaines cases, le bédéphile pense à Honoré Daumier ou à Henri de Toulouse-Lautrec. Le procédé, qui n’est pas vraiment du pastiche, est efficace.
Un reportage intéressant, quoiqu’un peu aride, sur le fondateur d’une œuvre toujours bien vivante en France.
Je ne connaissais pas John Bost qui fut un pasteur ayant oeuvré pour la construction de nouvel asile reconnue par la suite d'utilité publique. Il est vrai que l'aliénation mentale était traitée de manière assez barbare jusque là. Il contribua à faire progresser la cause dans un don de soi assez remarquable. Bref, nous avons le portrait d'un homme pieux qui se consacra dans l'action sociale sous le Second Empire.
Pour autant, cette bd souffre d'une certaine austérité propre à ces milieux religieux où il est question de consistoire et d'avis collectif, de scission et de refondation. L'aspect médical est à peine traité. On retiendra que cela a certainement changé le regard sur le handicap mental.
Si l'oeuvre de cet homme est tout à fait louable et méritoire, la bd souffre de certaines lourdeurs assez difficile à digérer.