À quoi bon vouloir se souvenir ? Pour savoir, pour se rassurer, pour trouver un sens à sa vie à travers celle de ceux qui vous ont précédé ?
Afin de répondre aux interrogations de son fils, Miguel Francisco Moreno se souvient de l’enfant qu’il a été. Des méandres de son inconscient rejaillissent alors les questions dont il assaillait son père sur un passé que ce dernier s’efforçait d’effacer. Petit à petit, il remonte le cours d’une vie, de deux, puis de toute une famille. Patiemment, il se remémore, s’interroge, se documente, conforte la chronologie familiale et donne enfin une signification aux silences qui ont recouvert la défaite des forces républicaines et plongé une partie de l’Espagne dans la terreur, les privations et le déni de ses idéaux. Mais si certains s’évertuent à ne pas oublier, d’autres ne pensent qu’à cela : ces fameux « espaces vides » doivent-ils être comblés au risque de rouvrir des plaies que le temps a fini par refermer ?
Pour un premier album, Miguel Francisco Moreno fait preuve d’une maturité surprenante. Mais à l’évidence, l’expérience accumulée au fil des années dans l’animation n’est pas étrangère à cet état de fait et à bien y regarder, l’enchaînement comme l’enlacement des séquences, la structuration des planches, la précision du graphisme ou le relief de la mise en couleur ne sont pas le fruit du hasard.
Des espaces vides aborde sans complexe, ni emphase la question de la filiation comme de celle des valeurs à transmettre et permet à son auteur de réussir son entrée dans le petit monde de la bande dessinée.
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