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algré les drames, malgré les risques, Lili, François et Eusèbe continuent de « résister » comme ils le peuvent. C’est maintenant un envoyé de Londres qui leur demande d’agir, mais comment être crédible face aux combattants de l’ombre tout en cachant que le mystérieux Lynx n’est qu’une création d’un trio de gamins ? À la guerre comme à la guerre !
Avec Les deux géants, Benoît Ers et Vincent Dugomier ajoutent un chapitre à leur saga jeunesse et vert-de-gris. Mêlant toujours rigueur historique avec péripéties dignes des plus grands épisodes de La Patrouille des Castors, ils montrent et décrivent l’Occupation côté cour. Malgré l’ennemi et les privations, la vie quotidienne reprend le dessus et, même avec toute la meilleure volonté du monde, se battre n’est pas chose facile. Globalement, si le scénario penche parfois un peu trop vers un didactisme un peu forcé, les auteurs réussissent à capter l’attention du lecteur grâce à la dynamique engendrée par les héros. Ces pré-ados regorgent d’énergie, mais doutent également beaucoup face à la complexité des forces en présence. Lili, la jeune exilée allemande, permet au scénariste d'échapper à un manichéisme réducteur en offrant un autre point de vue. Résultat, il arrive à présenter une vision mesurée et quasiment humaniste de ces sombres événements.
Série attachante à la réalisation soignée et ultra-documentée (comme toujours un important dossier en fin d’ouvrage apporte précisions et pistes de réflexion), Les enfants de la Résistance démontre que l’Histoire est un sujet passionnant quand elle est bien racontée.
Le père de François ayant été assassiné par les nazis, une cérémonie de pseudo enterrement a lieu dans le cimetière de la petite localité. le cercueil ne contient évidemment pas le corps puisque les nazis ne rendent pas ceux-ci aux familles.
A la surprise générale, Eusèbe, se met à chanter la Marseillaise au moment de l'enterrement. Il finit par être repris en coeur par tous ceux qui se sont rendus au cimetière. Les soldats allemands postés à l'entrée du lieu d'inhumation tentent d'intervenir mais sont complètement dépassés par la situation.
Pour nos trois jeunes héros, une question se pose : faut-il continuer la résistance vu que les Allemands la font si chèrement payer ?
Critique :
Cette formidable série continue de tenir toutes ses promesses : faire découvrir aux enfants (et autres anciens enfants) ce à quoi pouvait ressembler l'occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Benoît Ers aux couleurs et au dessin peaufine toujours autant son trait et les ambiances grâce à des couleurs qui créent l'atmosphère adéquate. Vincent Dugomier, par son scénario, passionne le lecteur tout en tentant de coller au plus près à ce que pouvait être la vie dans un petit village à cette époque de disette et d'angoisse car les Allemands sont de plus en plus radicaux.
Les côtés humains avec leurs petites bassesses et les dons de soi sont très bien traités. L'oncle et parrain de François qui, étant le second enfant, n'a pu hériter de la ferme, ne désespère pas de lui mettre le grappin dessus suite à l'élimination de son frère par la Gestapo. Pourtant, même s'il est pétainiste et avide de récupérer ce bien qu'il estime devoir lui revenir, l'individu n'est pas foncièrement mauvais. N'ayant pas d'enfant, il reporte son affection sur François.
Le livre pose clairement le dilemme : « Faut-il continuer à lutter contre l'occupant au risque de voir ses amis, ses parents, être victimes de la colère des Allemands ? »
Cette série, c'est plus que de la BD distrayante ou une immersion dans l'histoire. C'est aussi faire sentir les responsabilités et les conséquences des actes que l'on pose.