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etite-fille adoptive de la chamane, Kushi est une véritable enfant des steppes qu’elle aime parcourir à cheval au côté de son loup. Alors qu’elle sèche l’école pour une de ses sorties, elle entend des bruits d’explosion au loin et ne tarde pas à découvrir que le riche Bold et deux de ses acolytes ont utilisé de la dynamite pour pêcher des carpes. Aussitôt, la fillette s’en prend aux sacrilèges qui tentent sans succès de se débarrasser d’elle. Mais l’affrontement se poursuit au village où le chef, appuyé par Bold, entreprend de décrédibiliser la petite turbulente en jouant sur la méfiance de leurs concitoyens. L’enjeu ne dépasserait-il pas quelques centaines de poissons morts ?
En ce début d’année 2017, les éditions Fei proposent une nouvelle collaboration franco-chinoise en associant deux auteurs qu’elles ont contribués à faire découvrir au public, Patrick Marty, scénariste des aventures du Juge Bao et Golo Zhao qui a dessiné La balade de Yaya avant de s’essayer également à la narration (Entre ciel et terre et Passeur d’âmes chez Cambourakis, Au gré du vent et Hello Viviane chez Pika).
Le duo emporte le lecteur en Mongolie Intérieure au début des années 1980, à une époque où la modernisation pénètre aussi lentement que sûrement les vastes étendues de cette province chinoise. Les yourtes y sont désormais entourées de palissades en bois, les 4x4 sillonnent des plaines autrefois arpentées à cheval, le vétérinaire appartient à l’ethnie dominante des Hans et les potentats locaux ne rêvent que de se hisser au niveau national pour mieux briller et s’enrichir, quitte à fouler au pied les traditions ancestrales. C’est contre tout cela que se dresse l’héroïne, aussi intelligente que débrouillarde et dont la répartie renvoie les beaux parleurs à leurs mensonges et mesquineries.
Rapidement, on se prend d’affection pour cette gamine intrépide et bien décidée à marcher dans les pas de ses ancêtres, dans le respect de la terre qui l’a enfantée et nourrie. À l’instar de sa grand-mère, elle incarne un monde ancien, proche de la nature, qui risque de disparaître des mains de l’Homme qui n’en prend pas soin et lui préfère commodités, pouvoir et argent. Bien que le propos puisse paraître un brin caricatural par moments, la volonté de Patrick Marty est claire : opposer deux modes de vie et dénoncer les dérives d’une mauvaise gestion des ressources sur un écosystème, tout en montrant comment s’imbriquent politique et visées économiques égoïstes. Pour autant, le progrès en lui-même n’est pas condamné puisqu’il prend un sens positif grâce à la présence et l’intervention du soigneur, homme de sciences par excellence. De même, l’éducation et l’alphabétisation sont soulignées à travers les très bonnes facultés de Kushi.
Riche en rebondissements, ce premier tome est joliment illustré par Golo Zhao. Si ses personnages peuvent rappeler ceux de ses précédentes productions, tous sont clairement reconnaissables et expressifs. Son graphisme décline des grandes cases aux angles variés, alternant gros plans et panoramas réussis, tandis qu’une colorisation aux tons tendres rehausse l’ensemble.
Fable écologique Le lac sacré ouvre joliment une série qui devrait plaire autant aux jeunes, son public cible, qu’aux plus grands. Vivement le tome 2 !
Kushi, une jeune fille, lutte désespérément contre Bold, une grosse brute de son village qui veut détruire la steppe. Ceci n'est que le début d'un scénario plein de rebondissements et bien construit. J'ai été complètement emportée par l'histoire et j'ai adoré suivre les aventures de Kushi.
Cette petite BD jeunesse dévoile des paysages complètement dépaysants. C'est une vraie plongée dans la culture mongole. J'ai appris énormément de choses.
La galerie de personnages que présente cette histoire est très travaillée. Le centre de tout ce petit univers est Kushi. Cette petite fille recueillie par le fils de la chamane du village a un caractère bien trempé. Elle se montre très dure au début de la série mais le personnage évolue de façon favorable et sait se montrer sensible. Les relations qui se nouent entre tout ce petit monde sont touchantes.
L'esthétique est fidèle au style de Golo Zhao qui est aussi l'illustrateur de La Balade de Yaya. Le dessin est doux et rond. Les couleurs sont magnifiques et l'ambiance vraiment sublime.
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