D
ans Un soleil entre des planètes mortes, la Suédoise Annel Furmark raconte le périple de Barbro, une commis timide et anonyme, tellement qu’on n’a pas hésité à la rebaptiser B pour la distinguer d’une collègue portant le même prénom. Avec son vague à l’âme pour principal bagage, la quinquagénaire profite de quelques jours de congé pour se rendre à Tromso dans le nord de la Norvège. Elle compte y marcher sur les traces d’Alberte, une héroïne de la littérature scandinave du début du XXe siècle. Barbro s’identifie maladivement à cette figure, créée par Cora Sandel, laquelle promet un espoir de liberté dans un monde rigide et codifié. La moitié de l’album est d’ailleurs composé de scènes tirées du roman qui trouvent écho dans les aventures de la protagoniste.
L’auteur propose deux odyssées au lecteur. D’abord le récit d’un périple ; ensuite, et surtout, l’exploration de la psyché d’une femme triste qui observe les petits détails des gens qu’elle croise sans jamais avoir le cran d’établir le contact avec eux. Une voyageuse, aussi fascinée qu’elle par l’œuvre de l’écrivaine, finira néanmoins par briser sa carapace. Au final, l’ensemble n’est cependant pas convaincant : le lecteur a du mal à s’attacher à ce personnage lancé dans une quête sans réelle saveur. Ses états d’âme manquent de consistance et il en résulte un récit long, lent, beaucoup trop bavard et, disons-le, très souvent ennuyant.
La mise en images repose sur une multitude de techniques : encre, lavis, crayons et aquarelle. Parfois avec bonheur, parfois moins. Alors que les segments tirés du roman de Cora Sandel sont sobrement et élégamment représentés en noir, les non-aventures de Barbo sont rehaussées de couleur, notamment d’un bleu insistant et à la longue agressant. Souvent rébarbatif, le dessin est difficile à qualifier avec ses accents naïfs, expressionnistes, voire art brut. Cela dit, il est évident que l’auteure est talentueuse et que son travail s’inscrit dans une réelle démarche artistique.
Une histoire pleine de bons sentiments qui distille malheureusement l’ennui et qui aurait gagné à être resserrée.
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