What a wonderful world ! 2. Tome 2

S econd recueil rassemblant le contenu de son blog, What a Wonderful World s’ouvre sur une des réactions les plus fortes face aux événements dramatiques de 2015. En effet, Zep ose mettre en scène son héros fétiche dans une succession d’agressions et de violences insoutenables. La réalité dans ce qu'elle a de pire s'immisce dans le monde imaginaire et enfantin de Titeuf et s’achève sur un «au secours» impitoyable et un brutal fondu au noir. En quelques pages sans concession, l’auteur d’Un bruit étrange et beau résume le désarroi, la colère et l’impuissance de tout un chacun face à la folie des hommes.

Passé ce moment cathartique et l’album étant dédié à Marcel Gotlib, le scénariste rappelle rapidement qu’il est un rigolo et un gagman plus qu’aguerri. Certes, tout n’est pas joli-joli sur la planète, mais, pour qui sait bien la regarder, tout est matière à rire. Si les absurdités des gens sont évidemment au premier rang, c’est surtout les siennes dont il est question. Petits et grands moments de solitude, peur de vieillir (les cheveux qui tombent et les lombaires qui lâchent) ou simplement une belle balade à la montagne, le Genevois se met en avant dans la bonne humeur et une certaine candeur.

Fidèle à ses habitudes, il parle également de ses idoles, les rock-stars (qui vieillissent aussi), se vautre souvent dans la gaudriole et tape une fois de plus sur les footballeurs. La routine ? Oui et non, car le quotidien s’appuie inlassablement sur les habitudes et la répétition. Mis à part son talent de conteur, Zep n’est pas différent du commun des mortels. Il continue juste son bonhomme de chemin, un sourire narquois aux lèvres et la plume à la main.

Récréation appliquée et pleine d’esprit soutenue par un style tout en facilité, What a Wonderful World ne changera pas la nature des choses, mais le lecteur en sera quitte pour un instant de rigolade. Par les temps qui courent, ce n’est déjà pas rien.