L
os Angeles, les quartiers sud où résident les communautés noires, asiatiques et sud-américaines. South Central où règnent les gangs : Vice Lords, Nortenos, Rolling 30’s, Big Circle, Black P., Wo Hop To. Baskets, survêt, tatouages. Trafic, défonce, braquages. Tuning, machisme, rap. Casquettes, capuches, body building. Et si tout ce beau monde abandonnait ses rivalités territoriales ? Si ces bandes s’alliaient, fédérées par un chef, stratège de génie décidé à entrer en guerre ouverte avec la police de la Cité des Anges ?
Ce leader est une jeune fille de dix-huit ans nommée Destiny. Ses parents ont été tués par des policiers. Depuis elle se sent humiliée dans sa rue par des forces de l’ordre corrompues, racistes et violentes. Alors elle lance sa croisade. Un inspecteur du L.A.P.D. comprend ce qui se trame. Il sait qu’il y a un « suspect zéro », celui qui est à l’origine de ce qui est apparemment désordonné. Reste à convaincre la hiérarchie que les événements ne sont pas toujours ce qu’ils semblent être.
Bernardin et Freeman (X-Men – Les Origines) accouchent ici d’une fiction terrifiante dans laquelle la Police est mise à mal par la force de frappe unifiée des gangs et l’à-propos des décisions de leur chef. Les méthodes sont nouvelles, surprenantes et efficaces. La guérilla se joue aussi bien dans le maniement des armes, l’occupation de l’espace et la maîtrise de l’information. Les médias, manipulés et manipulateurs, prennent leur part dans ce conflit d’un nouveau genre.
Le récit, reprenant des codes des block-busters ou de certaines séries américaines, allie action et mises en perspective de certains personnages. Le sang gicle, les cadavres jonchent le sol, les explosions ponctuent les pages, mais du temps est consacré au parcours de Destiny ou l’investigation du détective. Le graphisme, travail d’Afua Richardson, encore peu connue dans le milieu des comics, est classique et efficace. Il se distingue particulièrement dans le traitement de la mise en page. Les cases adoptent toutes les formes possibles et imaginables, s’imbriquent les unes dans les autres, fusionnent ou se superposent, sans jamais nuire à la fluidité de la lecture ou à la compréhension.
Techniquement, Genius est bien agencé. Cependant, certaines ficelles narratives sont un peu grosses et convenues. La moralité de l’histoire n’apporte pas grand-chose à un débat dont l’importance n’a d’égal que son ancienneté. Néanmoins, dans une période où, même sur le Vieux Continent, on prend de plus en plus souvent la Police comme cible, cet album résonne de manière singulière, voire dérangeante.
Je n'ai pas été convaincu par cette guérilla urbaine menée contre les forces gouvernementale par une jeune issue du ghetto qui souhaite lutter contre toute forme de corruption pour créer une société nouvelle. Sur le fond, le projet était assez ambitieux car on nous promettait un grand stratège dans le genre Hannibal ou Genghis Khan, rien que cela ! Le résultat n'est certes pas à la hauteur de nos espérances...
Le graphisme est beaucoup trop irrégulier et dilué dans des couleurs masquant le décor. La mise en page m'a causé quelque souci de cohérence dans l'action à cause d'un découpage peu judicieux par moment. Ma lecture a été particulièrement pénible.
Après, sur le fond, je n'ai pas accroché alors que cela aurait pu être intéressant. C'était un comics qui était plutôt moderne dans son approche mais décevant sur le résultat.