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ârinh a grandi sur l’Arche, une colonie spatiale en rupture avec la Terre. En 2146, elle rentre clandestinement à Paris, une ville qu’elle a découverte au travers de vieux livres. Guidée par Matthias, elle constate que la cité rêvée s’est transformée en un univers de pacotille préservé sous une cloche de verre. Les Halles Baltard ont été reconstruites à l’identique, on se baigne dans la Seine, Notre-Dame est désormais fermée au public, mais un jeu de passerelles permet d’apprécier la cathédrale de l’extérieur. Plus personne ne vit dans cette métropole totalement dédiée au tourisme de luxe. À l’extérieur de ce monde en apparence idyllique, les stigmates, politiques et écologiques, de la 3e Grande Guerre sont toujours présents.
Ce deuxième et dernier tome de Revoir Paris souffre d’un étrange déséquilibre. Pendant une bonne partie de l’album, les protagonistes déambulent dans la capitale. Le périple commence par Saint-Denis et son stade et se poursuit dans les arrondissements centraux. La visite est plaisante pour le lecteur qui aime bien, lui aussi, revoir Paris. Les acteurs n’ont cependant pas de réelle quête, ou si peu ; ils se baladent, sans but, comme des voyageurs contemplatifs. Dans le dernier quart du livre, l’action s’accélère soudainement. Les enjeux personnels et politiques apparaissent abruptement et se dénouent également très vite. Un peu comme si le scénariste, Benoît Peeters, avait été tenu d’abréger son récit qui aurait certainement gagné à compter une quarantaine de planches de plus.
Le dessin réaliste de François Schuiten demeure exceptionnel ; chacune des cases est précieuse et mérite attention. L'univers graphique, similaire à celui des Cités obscures, est aisément reconnaissable, mais qui s’en plaindra. L’illustrateur continue de jouer avec la modernité d’hier (comme pouvait la concevoir Jules Verne), celle d’aujourd’hui et celle d’un futur extrapolé. Dans cet album, le lecteur ne retrouvera pas les hachures qu'il appréciait dans La théorie du grain de sable ou La Douce, mais les couleurs directes sont magnifiques il ne sera pas déçu.
Une lecture somme toute agréable, même si ce livre ne rivalise pas avec grands épisodes des Cités obscures.
Douce transportation dans un monde étouffant, le Paris du XXIIème siècle, affrontement entre 2 mondes humains, une colonie qui a émigré dans l'espace et une métropole terre oppressante, voilà le thème de ces deux tomes. Il n'y aura pas de fin mais une ouverture vers d'autres pages ou histoires. En effet le salut est dans la fuite vers...Londres.
Il faut se laisser porter par cette histoire originale digne de HG Wells. Les dessins et le rythme de la mise en page nous portent dans cet univers imaginaire. C'est un véritable plaisir. Un seul bémol, au milieu du deuxième tome, la visite d'un Paris futuriste s'éternise un peu sur quelques pages sans véritable raison. La beauté du trait ne suffit pas à justifier cet intermède.
"Revoir Paris" est une espèce de rêverie ouatée. Un récit de science-fiction dont tous les éléments restent hors-champ. Le retour sur Terre d’une jeune fille née dans une station spatiale devient ici la visite surréaliste d’un Paris entre fantasme et carton-pâte, teintée de nostalgie et d’illusion. Adepte des "immersions" provoquées par quelque psychotrope futuriste, l'héroïne, Kârinh est un personnage engourdi en quête d’identité, en quête de sens, à qui tout échappe y compris sa propre réalité. D’où l’impression d’une narration flottante...
L’ensemble est intemporel et onirique comme souvent chez Peeters et Schuiten, très élégant, tout en sobriété et distinction, et bénéficie d’une valorisante qualité d’impression sur du papier 150g.
Deux beaux albums mais qui semblent ne pas avoir vraiment commencé et hésitent à se finir. Étrange…
Graphiquement au sommet, oui: certaines planches sont somptueuses, grandioses même. Mais scénaristiquement, je trouve cette histoire tout simplement ratée. Non pas qu'elle soit dénuée de bonnes idées -elle en fourmille, même si tout lecteur assidu de science-fiction les a déjà déjà lues ici ou là- mais elles ne sont pas abouties, juste esquissées. Arrivé à la dernière page, je me suis posé la question: est-ce terminé?? Ces deux tomes ressemblent à un long prologue pour une histoire qui n'aurait pas encore réellement débuté. Vraiment déroutant, et frustrant. Je mettrais 5/5 pour les planches magnifiques, mais plus proche de 1/5 pour l'histoire, en dépit de ses idées prometteuses. Sauf si cette histoire en 2 tomes devait se développer plus tard sur 4 ou 5!
Du tout grand Schuiten et Peeters qui donne des ouvertures pour d'autres envolées! Graphiquement au sommet. Superbement créatif ! Merci !!!