C
’est bien connu, l’âme des guitaristes de blues est à vendre. En échange de la promesse de devenir une légende, ils n’hésitent pas à signer un pacte avec le diable. Mais voilà, le vilain ne veut pas de celle d’Avery. Facétieux, il exige qu’il lui en offre une qui soit pure. L’entente est conclue. Ils se retrouveront quelques jours plus tard pour concrétiser la transaction. Ne reste plus qu’à trouver cet esprit innocent et à le livrer comme convenu. Le musicien recrute un jeune garçon, Johnny. Tous deux prendront la route pour se rendre au point de rencontre, une courte odyssée au cours de laquelle ils croiseront le Ku Klux Klan, des bagnards hargneux et un propriétaire de bar à la moralité douteuse.
Le mythe de Faust est récurrent dans les arts en général et dans la bande dessinée en particulier. Rien que pour la dernière année, pensons au Magicien de White Chappel d’André Benn ou à l’excellent Sculpteur de Scott McLoud. Le défi est donc de réinventer la légende. Angux le fait de jolie façon. Au final, c’est une quête initiatique qu’Avery’s blues propose aux bédéphiles. Un parcours ponctué d’épreuves qui feront évoluer les personnages, lesquels gagneront doucement en profondeur.
Les amateurs du dessin de Gipi ou de Jorge Gozález seront en pays de connaissance lorsqu’ils découvriront celui de Tamarit. Le trait, expressif, brut et sale, rend parfaitement l’esprit du sud des États-Unis pendant la grande crise des années 1930. Les couleurs sont à l’avenant, l’illustratrice opte pour une palette de jaune, d’ocre et de brun ; le lecteur sent presque l’odeur du mélange de la terre et de la poussière.
De belles choses sont certainement à venir de ce tandem qui en est à son coup d’essai.
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