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n cette moitié du dix-neuvième siècle, l'Angleterre est en plein essor économique. Edouard, jeune noble fortuné, rentre dans la capitale bouillonnante après un séjour à la campagne, toujours aussi désespérante. En effet, ce dandy invétéré exècre l'ennui. À tel point qu'il ne recule devant aucun excès, autant pour choquer que pour tenter de combler en vain le vide de son existence. C'est ainsi qu'au retour d'une beuverie il découvre Lisbeth, une nouvelle domestique. Oui, Lisbeth la discrète, jeune fille au visage ingrat mais au regard de madone imperturbable. Qui aurait cru que ce coureur de jupons misogyne et bouffi d'arrogance finirait par voir en elle la confidente indispensable de ses pensées les plus secrètes, les plus intimes... et les plus sordides ? D'abord un jeu pour Edouard, ces échanges vont évoluer vers un duel étrange et éprouvant. Qui en sortira indemne ?
Hubert avait déjà confronté la lie humaine à la pureté de certains êtres (Beauté, Les Ogres-Dieux). Mais ceci n'est pas un conte. Il ancre cette histoire dans le réalisme d'une société percluse de règles sociales et d'hypocrisie : il ne faut pas bousculer l'ordre établi, quitte à mystifier et se mentir, en témoigne le comportement des autres servants, notamment l'intendante à la main de fer qui personnifie à merveille la mesquinerie. Maître dans l'art de décortiquer l'âme, le scénariste livre, par l'intermédiaire de ces deux écorchés vifs, une réflexion pertinente et sévère sur nos rapports les uns aux autres.
Virginie Augustin (Alim le tanneur) propose un découpage classique et une mise en scène simple, claire. Les successions de cases muettes mais terriblement expressives s'opposent aux monologues égocentriques du nanti. Les dialogues intelligents ne manquent pas pour autant de férocité et font mouche. Les aplats de couleurs naturelles assortis d'ombrage en hachures, ce qui donne un côté désuet, charmant et so british! Le trait tout en délicatesse accorde une foule de détails aux décors. Les personnages, quant à eux, arborent des visages et des silhouettes semi-caricaturés et apportent une touche de légèreté.
Vous vous réjouissiez en pensant lire une histoire à la Jane Austen, quelque chose de fleur bleue empreint de romantisme... Redescendez sur terre car voici une histoire sombre, dure et cruelle... mais belle aussi, comme la vie. À noter un dossier très complet sur le contexte de l'époque (économique, social, politique) et quelques scènes crues qui destinent de fait cet ouvrage à un public adulte.
C’est sans aucune doute le meilleur titre du regretté Hubert que j’ai pu lire. Il s’agit de rentrer dans la société victorienne de la fin du XIXème siècle et de voir le rapport assez particulier qui se crée entre un Master et une servante presque écarlate.
Le maître est plutôt du genre jeune beau et riche libertin qui a déjà du vécu. Il faut dire que le pauvre a été soudoyé à l’âge de 13 ans. On se croirait dans « 50 nuances de Grey » mais transposé à l’ère de la reine Victoria qui n’est d’ailleurs pas très apprécié de notre principal protagoniste pour son côté prude.
La question est de savoir ce que désire Monsieur ? Il est vrai qu’il est très inconstant. Il émet simplement l’ordre que sa domestique préférée soit présente pour l’accueillir après ses soirées de beuveries pour le border dans son lit.
J’ai littéralement adoré car il y a une véritable liberté de ton avec des dialogues plus exquis les uns que les autres sans compter sur des situations plutôt cocasses. La domestique qui est particulièrement douée va très vite comprendre le problème psychologique et essayer de le résoudre à sa façon. Il faut dire qu’il y a comme une sorte de lien particulier qui se crée sans être charnel ou amical. C’est de l’ordre de l’écoute bienveillante mais dans une relation alambiquée.
On reste dans le domaine des maisons de domestiques qui répondent à une hiérarchie et des codes très particuliers. Certes, il s’agit de faire son travail mais également d’obtenir les bonnes grâces et les faveurs du maître des lieux. Notre héroïne va aller plus loin pour trouver également sa voie et surtout sa liberté loin des frasques de notre aristocrate.
Un mot sur le dessin pour souligner une certaine élégance dans l’esthétisme. Cela comme très bien à cette époque si particulière. Il faut dire que l’auteure Augustin Virginie m’avait déjà ébloui dans la série « Alim le tanneur ». C’est non seulement magnifique mais détaillé et coloré. Cette maîtrise graphique sert le scénario et surtout c’est très agréable à lire.
Bref, une BD hautement recommandable mais il ne faut pas être trop chaste. Et puis surtout, on trouvera une profondeur inattendue sous les airs naïfs du départ.
Dès la première page de cet album, on entre par la porte de service dans la domesticité d’une maison de maîtres. Dans l’Angleterre victorienne, un dandy beau, réputé bien membré et fêtard rentre un soir inconscient et ensanglanté. Il s’est aventuré dans l’East End londonien au péril de sa vie. Alors que le personnel est absent, une jeune domestique consignée pour garder la maison n’a d’autre choix que de s’occuper de son maître et de le déshabiller. S’instaure, à partir de cette soirée, un rapport très ambigu entre les deux personnages : Edouard, un maître de maison dépravé et Lisbeth, une domestique besogneuse et discrète, au physique ingrat, mais à la vertu inébranlable. Entre tendresse, écoute patiente, suffisance et mépris, une relation complice s’installe. C’est très bien fait, bien écrit – même si dans plusieurs bulles il manque des mots ! – Le scénario est bien découpé. La logique voudrait que l’on aime Lisbeth et que l’on déteste Edouard, mais ce n’est pas si simple… La fresque sociale peinte par les auteurs est passionnante et nous plonge dans la société de l’époque victorienne. Les personnages sont complexes, profonds, mais, si on découvre le passé d’Edouard et les raisons de son comportement excessif, on ne sait pas grand-chose de Lisbeth. Dommage… un tome 2 serait le bienvenu. Le dessin est très précis, d’une grande finesse avec des cadrages réussis et des couleurs douces parfaitement bien choisies. Bref ! Une lecture très agréable, un régal pour les yeux.
J'ai énormément aimé lire cette histoire. Tous les personnages sont intéressants, l'histoire est bien ficelée et un regard sans concession est porté sur la société de l'époque . Entre les dessins et le scénario c'est un vrai régal ! Mon côté fleur bleu aurait aimé une autre fin mais en définitive je trouve celle ci parfaite! Elle nous montre que la femme n'a pas attendu l'époque actuelle pour chercher sa liberté.
J'ai trouvé très instructif les dernières pages de la BD, dédiées à planter le contexte de l'histoire (la place de la femme, les prémices de la royauté de l'ère Victorienne, la pauvreté à Londres ....)
Je ne peux que recommander cette lecture !!!
Monsieur est un bourgeois qui profite des femmes. Un jour, il se prend "d'affection" pour Lisbeth, une petite femme de chambre prude.
Mon Dieu... Le scénario de ce roman graphique est superbe! C'est prenant et cela monte en puissance au fur et à mesure des pages. J'ai adoré l'histoire.
Et les personnages! Le scénariste les a construit de façon sublime. L'intrigue va les mal mener. Monsieur va voir ses convictions vaciller et Lisbeth va voir ses mœurs mises à rude épreuve. Il y a du pêché dans cette oeuvre. La question est: Va t'on y succomber? Je suis admirative de la force de caractère de Lisbeth sur laquelle au départ, je n'aurai pas misé ma chemise. Quant à Monsieur, il peut se montrer exécrable, mais tout au long de la lecture, on sent poindre une fragile humanité.
Le tout est sublimé par une esthétique impeccable. Les décors sont magnifiques, fins et pleins de petits détails. J'ai apprécié les couleurs et cette ambiance totalement magique.
Bon…
Au début, j’ai eu un tout petit peu de mal avec les dessins, à la fois travaillés et simplistes, ces couleurs pastels/fades. Mais en quelques pages, c’était bon, j’étais dedans.
Et on peut dire que le début est prometteur, ce jeune riche blasé de tout, cette bonne sans droit mais intelligente.
Mais à mon goût, l’histoire baisse en intérêt au fil des pages. Ce n’est même pas exactement ça : on nous développe les idées et vues des deux personnages, très bien. Mais non seulement, ça sonne parfois un peu redondant mais surtout, ça n’amène nulle part.
Cette fin paraît tomber comme un cheveu dans la soupe : toute la relation construite auparavant ne sert quasi à rien. Bien dommage…
Une chronique sociale de l’Angleterre de la révolution industrielle, mais on a du mal à avoir de la compassion pour le jeune riche aristocrate dépravée, un peu plus pour la domestique qui essaye de sauver sa peau. On reste sur sa faim à la fin même si l’ensembl se lit bien.
Globalement un bon roman graphique.
Une très bonne lecture, dans laquelle sont confrontés, au choix, l'excès et la raison, le bien et le mal, l'amour et le désamour.
Les personnages sont bien pensés, tout comme la trame du scénario, riche en suspense. Les dialogues sont particulièrement bien écrits. Malgré un langage soutenu, leur accessibilité apportent une grande fluidité à la lecture.
Enfin, coup de chapeau à Virginie Augustin, qui, avec un trait plus fin voire plus léger qu'auparavant apporte leur charismes respectifs aux deux héros de cette histoire.
Un album riche, tant par les dialogues que par ses dessins, à lire et à relire.