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u Persepolis de Marjane Satrapi à L’Arabe du futur de Riad Sattouf, l’enfance au Moyen-Orient est une source d’inspiration pour les auteurs. Sans être aussi abouti que ces albums, Coquelicots d’Irak présente tout de même des qualités. Dans cette bande dessinée co-scénarisée avec Lewis Trondheim, Brigitte Findakly livre le récit de sa vie, mais surtout celui d’un Irak en transformation. Au départ, dans les années 1960, alors qu’elle est une petite fille, la narratrice vit à Mossoul. Quand la répression à l’encontre de sa famille catholique devient trop dure, tous déménagent en France. Elle continuera néanmoins à se rendre régulièrement dans son pays natal.
L’amalgame entre les tranches de vie du clan Findakly et les événements politiques est réussi. Sans porter de jugement, les coauteurs décrivent une société qui glisse doucement vers le totalitarisme religieux et la désorganisation. Plutôt que de dresser un réquisitoire acerbe ou amer, ils posent un regard tendre sur ce monde. La critique, car il y en a une, se révèle dans de petites anecdotes : manches de plus en plus longues, tuiles brisées qu’on n’a plus les moyens de remplacer, pommes devenues rares et chères, etc. Au lecteur de lire entre les lignes et les cases.
Pour mettre en images l’histoire de son épouse, Lewis Trondheim adopte un style passablement différent de celui de Lapinot ou de Ralph Azham. Les personnages avec des têtes d’animaux sont congédiés (mais parions qu'ils seront sous peu réembauchés) pour laisser place à des bonshommes figés, semblables à des figurines Playmobil. Ce dessin donne l’impression d’avoir été rapidement expédié et détonne avec un récit intimiste qui aurait mérité des illustrations plus chaleureuses. Enfin, chaque chapitre se conclut par des photos, probablement extraites des archives des Findakly, mais qui ne sont malheureusement pas expliquées ou contextualisées.
Un sujet intéressant, possiblement trop ambitieux pour une plaquette de cent douze pages.
Ce n'est pas une BD de Lewis Trondheim (même si j'aime bien ce qu'il fait). C'est toute autre chose.
Histoire de sa compagne et de sa jeunesse irakienne, de cette culture qui est différente, touchante, et qui brutalement disparait sous les coups de butoirs de la folie meurtrière.
Histoire aussi de cette région initialement au carrefour de civilisations ancestrales et maintenant aux carrefours d'intérêts économiques, géopolitiques et d'ambitions qui la détruisent. Tout cela raconté à travers le prisme d'une vie personnelle.
BD touchante mais pas du tout larmoyante. Un grand plaisir de lecture.
:"une très chouette BD sur la question des migrations, simple et sensible. La coloriste de l'album, de père irakien et mère française, raconte ses souvenirs, son enfance heureuse en Irak puis sa venue en France, et les quelques retours en Irak pour voir sa famille. Ce qui m'a interpellé, c'est de voir la manière dont on peut ou non être touché par des événements de la "grande histoire", comment les changements se font lentement, par petites touches, et à quel moment des signaux font tirer la sonnette d'alarme à son père ..."
C'est l'histoire d'une jeune fille vivant en Irak et qui immigre en France. C'est un vrai morceau de vie. C'est l'histoire de toute une famille et une analyse de sa relation avec ce pays. Cette relation change en parallèle de l'évolution des personnages. C'est vraiment intéressant de voir ces regards se transformer au fil de la BD.
Les personnages sont réalistes. On sent le vécu. Le personnage principal nous raconte son point de vue sur cet Irak en plein bouleversement. Le décalage entre le personnage qui s'occidentalise et cet Orient est très intéressant.
Je n'ai pas accroché avec l'esthétique de cette BD. Les dessins sont trop simples et les couleurs trop criardes. Le message est fort et intéressant mais je n'ai pas vraiment accroché.
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Hasard de mes lectures, je viens d'achever le troisième volume de "l'arabe du futur" de Riad Sattouf et voilà que je tombe sur cette bande dessinée à la médiathèque. Je l'ai pris sans regarder le nom des auteurs, juste pris par curiosité car je savais que ce livre avait été sélectionné pour le festival d'Angoulême 2017.
C'est en commençant la lecture que le trait du dessinateur me rappelle quelque chose....bon sang c'est Lewis Trondeim qui illustre le récit de Brigitte Findakly, sa compagne.
D'ailleurs plus qu'un récit, ce beaucoup plus des tranches de vie que nous présente là l'auteur. On retrouve des similitudes entre les souvenirs de Riad Sattouf et ceux de Brigitte Findakly: sur l'école, la religion,la censure, la politique anti-sioniste, la propagande, bien que l'auteur semble évoluer dans une classe supérieure à celle de Riad Sattouf, ou alors l'Irak d'alors était, malgré les nombreux coups d'état que ponctuent ce récit; plus évolué que les autres pays arabe.
A la lecture de ce témoignage, nous prenons aussi conscience de l'évolution de l'Irak sur ces quarante dernières années : là où les femmes devaient exposer leurs bijoux pour montrer leur réussite sociale , même en pleine rue, dans les années 70; elles doivent à présent rester cloîtrée, et accepter que leur mari aillent "voir les filles", ce qui choquera Brigitte Findakly, habituée à la vie parisienne depuis l'exil de son père.
Malgré des ellipses assez maladroites entre le passé et le présent, j'ai aimé ce témoignage, à l'heure où Bagdad ou encore Mossoul n'ont pas encore pansé les plaies des conséquences de la folie meurtrière de Daesh.
Les traits sont simples voire naïfs, les couleurs magnifiques, le grain du papier rend le tout absolument génial à toucher et feuilleter. Par dessus tout ça, une tranche de vie émouvante et une belle histoire à découvrir.
Je l'ai dévoré !