Aujourd’hui, demain, hier, Roman Muradov déploie le grand jeu dans ce recueil d’histoires variées plus ou moins courtes. Armé d’une connaissance impressionnante de l’Histoire de l’Art du XXe siècle, il prend un malin plaisir à promener le lecteur dans un monde pictural à la richesse parfois étouffante, dans lequel les époques se télescopent, formant une ronde où les tendances et les modes donnent le la à des humains en plein doute.
Dessinateur venant du monde de l’illustration, Muradov utilise une approche globale dans laquelle chaque élément (dessins évidemment, mais aussi lettrage, couleurs, techniques et format) joue un rôle prépondérant dans la narration. À cela, vient s’ajouter une avalanche de références culturelles et autres clins d’œil souvent très drôles. Le résultat se révèle particulièrement dense et déconcertant par moments, mais, dans le même temps, des plus jouissifs tant les observations et les situations s’avèrent percutantes et amusantes. Ces petits contes décontextualisés (« twitter » en 1947, par exemple) ou mettant en avant les absurdités du jour et les expériences - sûrement vécues - d’un apprenti artiste essayant de placer ses travaux se lisent et s’explorent avec délice.
Certes, la multiplication des styles au sein d’un même récit pourrait gêner ou suggérer un manque de maturité de l’auteur. En fait, cette générosité graphico-narrative se montre des plus maîtrisées tant le découpage et la mise en page sont des véritables tours de force de lisibilité et d’originalité. Simplement, Muradov ne prend pas le lecteur par la main, il titille sa curiosité, pour mieux l’entraîner dans un univers à l’esthétique renouvelée à chaque page.
Œuvre à la personnalité forte et démontrant un talent littéralement extraordinaire, Aujourd’hui, demain, hier en impose dans un premier temps, avant de séduire et envoûter. À lire et relire.
Je n'ai guère été convaincu par ces histoires courtes car trop décalées et abstraites à mon goût non pas que je recherche un peu de sophistication. Les considérations sont mi-philosophiques, mi-poétiques sur un mode assez bobo comme une abstraction de l'art.
Il n'y aura pas de fil conducteur dans ce scénario qui part dans tous les sens.
Graphiquement, c'est assez basique même s'il y a des effets au niveau des couleurs. Le décor ainsi que les personnages restent assez sobres. Le style reste d'inspiration cubique dans une forme assez géométrique.
Bref, je n'ai pas été convaincu par cette œuvre d'ambiance par manque de visibilité essentiellement.