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n mystérieux prédicateur est arrivé en ville ; il entend regrouper sous sa houlette l’ensemble des sans-abris de Gotham. En parallèle, de plus en plus de malfaiteurs et de criminels sont massacrés ou disparaissent de la circulation. S’efforçant de faire la lumière dans cette affaire, Batman tombe aux mains du diacre Blackfire. L’ouverture du récit donne directement le ton : Batman, le héros implacable, est en proie au doute et à l’effondrement.
Batman le Culte est la réédition de la mini-série en quatre épisodes publiée précédemment en France sous le titre Enfer blanc, aux éditions USA en 1989. À cette occasion, le titre d’origine a été repris et la série retraduite par Jean-Marc Lainé.
La parution américaine en 1988 a lieu en plein Modern Age qui voit sortir des comics plus matures. Dans Le Culte Starlin retranscrit le sentiment de répression induit par un durcissement de la censure. Clairement évoquée par le biais du méchant religieux, les groupes faisant pression pour plus de contrôle des publications l'illustrent sans ambiguité. Le sort d’un jeune aspirant auteur de BD au détour d’une page ne laisse guère de doute sur le sentiment de Starlin !
Il induit par ailleurs un regard intéressant sur la psychologie sociale. Dès la préface, brève mais éclairante, le scénariste assume l’influence de ses pairs et convoque des auteurs tels qu'Alan Moore ou Frank Miller (la filiation avec Batman Dark Knight est évidente tant sur le scénario que sur le graphisme).
Les connaisseurs du travail de Bernie Wrightson ne seront pas déçus : la patte sombre et gothique qui a fait la réputation du dessinateur est au rendez-vous, agrémentée de couleurs parfois psychédéliques suggérant la folie ambiante. Certaines scènes et dessins relèvent définitivement de l’horreur, genre dans lequel Wrightson excelle. La galerie de couvertures en bonus est appréciable.
De manière générale, la composition dynamique, la construction alternant situation présente et flashbacks donnent un récit au rythme soutenu - quoiqu’un peu trop elliptique - pour constituer un divertissement de qualité. C’est sombre, c’est violent, ça suinte le désespoir et le lent glissement vers la démence…
Au final, ce titre met en scène un Batman diminué. Il voit également apparaître un méchant mystique et certains éléments de l’intrigue seront repris dans des récits ultérieurs. L’intrigue est simple mais bien menée, plus éloquente sur son époque qu’on ne pourrait le croire et servie par un dessin à l’avenant. Batman le Culte séduira sans mal les amateurs des comics de la dénommée "nouvelle vague des années 1980".
Avec Batman - le culte, on a droit à l’un des pires méchants de toute la galaxie à savoir un mystérieux prédicateur qui se sert de Dieu pour asservir la population de Gotham City. On sait tous qu’il n’y a rien de pire qu’un religieux pour faire le mal car tout est une question de pouvoir.
Le pauvre Batman sera presque enrôlé de force dans une secte qui affame et qui drogue les gens pour mieux les asservir. Après les ressorts sont un peu les mêmes que dans la vraie vie. On légitime des actions de violence au nom du divin. Une moitié de la population approuve quand l’autre est obligé de fuir.
Je n’ai pas trop aimé le dessin qui fait vieillot ainsi que des images assez figées. Ainsi, on peut avoir une journaliste qui débite son discours communiqué sur une page composée de 9 cases mais avec toujours la même image. Cela se répète inlassablement ce qui ne contribue pas au dynamisme.
Excellente histoire illustrée par le grand Bernie Wrightson.
Publiée en 89 par Glénat en 4 albums dans sa collection Comics USA, Super Héros, sous le titre assez surprenant 'Enfer Blanc'.
A lire absolument.
Une des histoires les plus sombres de Batman.