L
a chaleur du Caatinga fait délirer "La Teigne", à moins que ce ne soit sa blessure… Avec "Crâne de bœuf", ils sont les derniers survivants de la troupe du Commandant. Après une nuit de repos, et pour des raisons propres à chacun, ils décident de tendre une ultime embuscade au Lieutenant Honorio, celui-là même qui, quelques jours auparavant, décima leur bande de pistoleros.
De vastes étendues arides, un soleil de plomb, une gare, un village fantôme aux habitants apeurés, une caisse de TNT, deux brutes… et voici que l’imagination s’enflamme. Pour l’occasion, Danilo Beyruth situe son histoire non, pas dans le Far-West américain, mais dans son Brésil natal à une époque où, là aussi, le colt avait valeur de loi et la probité se révélait souvent une notion relative. Mis à part ce détail géographique, l’album respecte scrupuleusement les canons du western, à deux exceptions toutefois : il n’y a pas de bons, que des méchants, et le sang coule salement et sans fioriture. Utilisant une mise en scène très cinématographique, une galerie de personnages pour le moins typés et une couleur privilégiant les teintes ensoleillées du Sertãos, le récit fait dans le sibyllin et le visuellement efficace, laissant à chaque planche le soin de faire comprendre l’essentiel.
De la sueur, du sang et de la Cachaça, Les deux bandits ne s’embarrasse pas de circonvolutions inutiles… Pas forcément conseillé aux plus jeunes !
Voilà une BD atypique, pouvant provoquer autant l’exaspération que la jubilation !
Exaspérant parce qu’à mon sens il n’y a pas de scenario (ou si peu que le lecteur s’en fichera totalement) et que les personnages, du genre « affreux, sales et méchants » sont parodiques et dénués de toute épaisseur ; enfin parce que les dialogues sont souvent beaucoup trop plats, trop neutres pour sortir de la bouche de ces « deux bandits » rugueux dont le caractère devrait être largement plus acéré.
Avec des répliques plus caustiques, plus ironiques, cette histoire aurait tout de l’œuvre culte ! Comme les films de Roberto Rodriguez auxquels elle fait penser, et c’est son côté jubilatoire : Deux tueurs en bout de course, n’ayant plus rien à perdre, un cadre de fin du monde, un déchainement de violence où tout doit disparaitre sous la poussière et les cactus… La matière du ballet funèbre aurait pu être grandiose !
Car les qualités graphiques sont remarquables. La mise en scène est soignée, le dessin incisif, vigoureux et détaillé est bien mis en couleur, le découpage cinématographique est particulièrement efficace et les décors sont percutants.
Ça ne suffit sans doute pas à l’élever au-dessus du lot… mais «Deux bandits » par sa radicalité et son esthétisme saura sûrement trouver son public.
L’histoire se situe dans la région du Nordeste au Brésil. Une bande de brigands vient d’être décimée par le lieutenant Honorio et ses soldats. Les deux survivants, la Teigne et Crâne-de-bœuf, se retrouvent au point de ralliement le rocher du mort.
Après avoir fait décapiter les bandits, le lieutenant fait transporter les têtes dans des caisses pour pouvoir les exposer à la capitale. Les deux survivants décident d’attirer Honorio et sa troupe dans un guet-apens pour récupérer les têtes afin de donner une sépulture décente à leurs camarades morts.
Quant à Crâne-de-bœuf, il veut surtout récupérer la tête de Zé cabreiro, au détriment de la Teigne, car une carte au trésor se trouve sous son cache œil.
Voilà un scénario de qualité et les dessins nous font bien sentir la dureté de la vie au Brésil dans la moitié du 19ème siècle ainsi que la chaleur écrasante du Caatinga, partie aride de la région du Nordeste.
Le livre comporte très peu de texte, mais les dessins parlent d’eux-mêmes, et de nombreuses pages ne comprennent que peu de cases. Du coup, malgré les 96 pages cela se lit rapidement.
Tous les ingrédients du western spaghetti sont présents dans cet opus. Un album délicieusement scénarisé et magistralement mis en image pour la plus grande joie des gourmets du genre. On en reprendrai bien volontiers !
Superbe western spaghetti, avec toutes sortes de travelling.
Scénario impeccable et efficace. Du Sergio Leone en BD…