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dvard Munch (1863 -1944) est considéré comme un des précurseurs de l’expressionnisme. Le Cri, son plus célèbre tableau, est devenu une image iconique reconnaissable par tous. À ce propos, la figure apeurée et les courbes étranges du paysage de l'arrière-plan ont été souvent réutilisées en bande dessinée ainsi que sur le petit écran. Artiste à la trajectoire classique - à seize ans il décida qu'il serait peintre et rien d'autre -, Munch suivit le parcours traditionnel du métier : cours académiques, séjour à Paris pour étudier les maîtres et découvrir la bohème, premières œuvres incomprises par l’intelligentsia, puis, après quelques années de persévérance, le succès et la reconnaissance générale.
Dans Munch avant Munch, Giorgia Marras s'intéresse, certes, au peintre, mais surtout à l'homme derrière le chevalet. La scénariste se concentre logiquement sur l'enfance et la jeunesse du Norvégien. Très touché par les disparitions précoces de sa mère et d'une de ses sœurs, il restera profondément marqué par une mélancolie qu'il ne cessera d'exprimer via son art. Très appliquée - il s'agit d'un premier album -, l'auteure décrit d'une manière convaincante les différentes épreuves (l'amour, le deuil, le doute) vécues par l'adolescent. Le rythme très posé de la narration est contrebalancé par la violence intérieure qui hante le héros. Celui-ci semble rester stoïque ; en fait, il emmagasine émotions et impressions pour mieux les restituer sur la toile.
Le trait charbonneux, qui rappelle celui d'Anne Teuf dans Finnele, plonge l'ouvrage dans une atmosphère sombre et parfois inquiétante. Ici aussi, un joli jeu d'opposition entre la rigueur de l'artiste en devenir et l'énergie d'une jeunesse nourrie par des discussions endiablées autour des théories sociales à la mode à l'époque se met rapidement en place. Même déprimé, Munch est toujours aux aguets : il écoute, participe aux débat et enregistre propos et situations pour son propre compte. La dessinatrice multiplie également les clins d’œil picturaux à ses futures créations ainsi qu'à de nombreuses œuvres contemporaines que les amateurs d'Art se feront certainement un plaisir à débusquer. Résultat, si la lecture est parfois très marquée par les références, elle permet parfaitement de comprendre l'importance de la conceptualisation dans le processus artistique.
Biographie aboutie, Munch avant Munch est un livre parfois exigeant qui donne néanmoins un excellent aperçu de la genèse d'un acteur majeur de l'Histoire de l'Art.
C'est une biographie parmi d'autre sur un peintre suédois qui a déjà fait l'objet de plusieurs bd notamment Munch que je n'avais pas aimé. J'aime bien son fameux tableau expressionniste à savoir le cri. Pour autant, je n'arrive pas à aimer véritablement les bds qui parlent de lui. Le ton de celle-ci est résolument sombre.
Le trait crayonné donne un bon rendu à l'ensemble de la bd bien que je trouve que c'est un peu figé. C'est également bien d'avoir tout de suite précisé que les vignettes en bleu correspondent aux souvenirs d'Edvard car sans cela, je me serai perdu.
Au final, un travail honnête qui explore les obsessions intimes d'un peintre qui a marqué son époque et qui continue à faire parler de lui à travers le monde.