Notre univers en expansion

B illy, Scotty et Brownie, trois potes de longue date, font toujours de leur mieux pour trouver un peu de temps pour se réunir. Ils en profitent pour faire le point et comparer leurs vies respectives. Les copines devenues épouses, les enfants qui arrivent, le boulot, les rêves de jeunesse qui s'estompent : il n'est pas toujours aisé de garder le cap quand les cartes sont sans cesse remaniées.

Maître du récit chorale, Alex Robinson (De mal en pis, Derniers rappels) « s'attaque » aux angoisses engendrées par la paternité dans Notre univers en expansion. Privilégiant un mode auto-fictionnel plus qu'autobiographique, le scénariste expose ses doutes, ses joies et ses peurs, alors qu'il entame un chapitre crucial de son existence : la procréation. Le fond du propos est classique et ses observations ne bouleverseront aucun courant philosophique.

Si les interrogations existentielles de l'auteur ne sont guère originales, voire convenues, la situation est toute différente en ce qui concerne leur transcription. Tel un Robert Altman ou un Kevin Smith, il anime sa distribution d'une manière magistrale grâce à une imagination toujours renouvelée et une bonne dose d'espièglerie. Uniquement basée sur les dialogues, la narration se réinvente à chaque scènes, prends parfois des chemins de traverses, comme avec ce chapitre « théâtral», tandis que les multiples discussions de groupe ne cessent de se mêler sans se mélanger, malgré les nombreuses bières écoulées !

En dépit de ses nombreuses qualités, Notre univers en expansion reste néanmoins très marqué par son époque et un environnement trop balisé par la pop-culture pour totalement convaincre. Robinson préfère, peut-être à juste titre, rester dans sa zone de confort plutôt que d'élargir le spectre de sa réflexion. Néanmoins, la leçon de découpage et son talent indéniable pour les mises en page alambiquées demeurent vraiment sensationnels.