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D e Rome en 1969 à Paris en 2004, l'histoire de six amis que le destin va ballotter, faire grandir, séparer et se retrouver. Dans une Europe en pleine mutation, alors que l'Italie est confrontée à l'émergence d'organisations politiques prêtes à prendre les armes, les Brigades Rouges en tête, Michel (le français), Cesare (le voleur de voitures), Alberto (le fils de notable) et Anna (l'étudiante sérieuse) rêvent à haute voix au milieu des ouvriers ou des universitaires. Bientôt rejoints par Marcello et son frère Marco, les amis ont de grands rêves, entre engagement syndical, utopie sociétale et envie de progrès, cette jeunesse voit dans les soubresauts qui secouent le pays l'occasion unique de changer le monde. Mais pour ça, en plus des idées et de la volonté, il leur faudra composer avec leurs parents et ce qu'ils défendent, le pouvoir, la police mais aussi la mafia. Et surtout, résoudre le problème majeur de tous combats : trouver de l'argent.

Projet initialement destiné au grand écran, La poussière du plomb s'est heurté à un manque de financement qui a conduit Henri Labbé et Dominique Heinry à s'associer à Alexis Robin (Si j'ai bonne mémoire) pour lui donner vie en bande dessinée. Néophytes dans le 9ème art (mais pas dans l'écriture), les deux scénaristes proposent un récit prenant, bien que dense, et décrivent, à la manière de Philippe Thirault et Alberto Pagliaro dans La Mano, cette période avec beaucoup de réalisme. En suivant ces jeunes unis par les mêmes idéaux, ils offrent un éclairage intéressant, évitant les clichés et la facilité, sur plus de trois décennies de lutte et de tensions. Après une introduction un peu brutale, entre passé et présent, la narration devient linéaire et le lecteur découvre comment ces amis, pris dans l'engrenage des évènements, sont débordés par l'Histoire et marqués à jamais. Page après page, le contexte social et politique prend forme et sa complexité se dévoile : le poids grandissant des partis aux deux extrêmes, le syndicalisme encore fortement implanté et la mafia omniprésente. Si la première moitié peut sembler confuse à quiconque ignore la radicalisation de ces mouvances, les attentats et la peur engendrée, la seconde partie donne toute son ampleur à ce témoignage romancé mais néanmoins crédible, jusqu'au dénouement où les morceaux du puzzle s'assemblent et que tout prend forme.

Pour peindre cette fresque, Alexis Robin opte pour une bichromie (jaune-ocre pour le passé, bleu pour le présent) judicieuse. Ajouté à un gros travail d'encrage, ce choix met en valeur les expressions de ses personnages. Peu avares de détails et s'appuyant sur une gestion à-propos des ombres, ses décors sont également une réussite. Enfin, tandis que son trait gagne en efficacité au fil des cent-vingt planches, il parvient à maintenir la même fluidité.

Véritable saga, La poussière du plomb est un album fort. Passées les trente premières pages, l'immersion est totale et le lecteur est happé par cette fiction historique dont on a du mal à croire qu'elle n'a pas été écrite, à l'origine, pour ce medium.

Par M. Moubariki
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

La poussière du plomb

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L'avis des visiteurs

    judoc Le 10/05/2016 à 00:31:15

    Une BD intéressante et presque prenante par moment, mais que j'ai eu du mal à comprendre.

    Le démarrage est assez confus et les dessins, malgré tout réussis, ne facilitent pas toujours la tache du lecteur. Si le tri-monochrome (j'invente le mot ?) permet de distinguer judicieusement les différentes périodes du récit, les personnages secondaires, en revanche, ne sont pas toujours facile à reconnaitre d'un passage à l'autre et rendent la compréhension des évènements parfois fastidieuses. La chute reste également un mystère que je n'ai pas su résoudre, ma méconnaissance de cette période et de ce pays y sont probablement pour beaucoup.