Le bâtard des étoiles 1. Le regard des autres

B ernadette Collins a décidé de participer à une émission de télévision afin d’y relater un événement qui a changé sa vie. Quelques années auparavant, un extra-terrestre a abusé d’elle. De cette agression, est né un métis qu’elle s’est efforcée de cacher aux yeux de tous. Aujourd’hui, elle est décidée à dévoiler l’existence de son fils, revendiquant le droit à la différence et à une vie normale. C’était bien mal connaître l’appétit de sensationnel du public...

Écrire une histoire tous publics n’est certainement pas une chose aisée. Lorsque l’on choisit en plus d’y aborder des thèmes délicats – le regard des autres, le voyeurisme des médias ou encore l’absence d’éthique –, la planche savonnée n’est pas loin. L’expérimenté Raoul Cauvin n’a pas su éviter la glissade. Certes, il ne fallait pas s’attendre à une chronique sociale, mais une simple évocation de thèmes sociétaux sans subtilité ni un minimum de recul ne suffit pas à donner du corps à une histoire. Alors, évidemment, cela pourra toujours donner lieu à des discussions avec les enfants, l’émotion affleure de temps en temps, mais cela reste au bout du compte bien creux - il ne se passe finalement pas grand-chose - et noyé dans une tonalité humoristique fade, jamais réellement burlesque ou grinçante.

Il faut également ajouter l’incongruité du lancement du récit – passer à la télévision pour revendiquer le droit à l’anonymat – et le traitement, pour le moins maladroit, des circonstances (un viol) de la venue au monde de Donatien, le petit bâtard. C’est d’autant plus décevant que le dessin de Curd Ridel est une réussite. Caricatural sans excès, expressif et lisible, son trait colle parfaitement aux intentions du scénariste.

Il faudra beaucoup plus de gaz hilarant ou de vitriol – et pourquoi pas conjuguer les deux – pour que la suite décolle enfin.