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résil, Alto-Amazonie. D'un côté, Flaco et les siens, des agriculteurs sans terre, condamnés à s'enfoncer toujours plus loin dans la forêt, à mesure que les grands éleveurs, proches du gouverneur de l'État, les chassent des zones qu'ils défrichent. Face à leurs milices, ils ne sont de toute façon pas de taille et il a déjà payé un lourd tribut pour leur avoir résisté. De l'autre, Wanchi, un indien Jivaro du clan des Achuar, charismatique et courageux, qui va bientôt être désigné par le conseil pour trouver un nouveau lieu où établir le village. Entre ces deux hommes et leurs deux manières de vivre grâce à l'Amazonie, Joss Kerven. Français en pleine crise de la quarantaine, il a choisi ce coin du monde pour réaliser son prochain reportage et fuir les tourments de sa vie. Mais il était très loin de soupçonner ce qu'il va découvrir et les dangers qu'il va devoir affronter...
Le décor tropical, entre autochtones et chamanisme, pouvait laisser présager d'une lecture un brin originale. Malheureusement, l'histoire construite par Jean-Claude Bartoll a du mal à se détacher d'une structure trop classique : un témoin gênant, journaliste, pourchassé par ceux qu'il compte dénoncer, va réussir à les semer grâce à une heureuse rencontre - qui visiblement manquera le début de son (nouvel) éveil au monde. Lui-même ancien grand reporter et connaissant bien l'Amérique du Sud, le scénariste chevronné (de La Traque et de Insiders) marche en terrain connu. Mêlant intrigues politico-économiques, déforestation, exploitation de la misère et conflit de civilisation, il tente de faire décoller son histoire, sans jamais y parvenir vraiment. La faute à une narration trop linéaire, malgré le flashback de rigueur, qui ne laisse que peu de place aux non-dits. S'il est rythmé, grâce aux nombreuses et variées scènes d'action, le récit reste trop lisse, trop propre dans son ensemble pour surprendre.
Propre, le travail du couple Otéro l'est aussi. Les dessins de Nicolas sont dans la lignée de ce qu'il propose dans la série Amerikka ou plus récemment avec Le roman de Boddah. Son découpage sobre et son trait semi-réaliste donnent une bonne impression globale même si quelques rares faiblesses peuvent être relevées (notamment sur les morphologies en arrière plan). Les couleurs de Vérane - qui colorise là entièrement son premier album - sont à-propos, notamment avec leurs teintes chaudes qui rendent très bien de la moiteur et la touffeur des scènes en forêt. Le tout forme un ensemble cohérent qui ne se démarque toutefois pas réellement de la production actuelle.
Classique dans sa forme comme dans sa structure, Reportage en enfer peine à convaincre et passionner au-delà des décors dépaysants. La fin laisse toutefois espérer une complexification de la trame à même d'offrir un regain d'intérêt à la suite.
Amazonia est très bien dessiné. On s'immerge tout de suite dans cette grande jungle hostile où un reporter essaye de s'extirper de tueurs engagés par un grand propriétaire rêvant de tout raser. Les enjeux écologiques de la déforestation sont énormes. Cependant, l'économie avec les chinois par derrière semble plus puissante.
Cela se lit assez vite. J'ai dévoré ce premier chapitre en très peu de temps. Il y a une bonne fluidité des scènes d'action. J'avoue que cela fait du bien d'avoir un peu d'espace et de ne pas s'appesantir sur des dialogues trop nombreux. Cette lecture permet également de découvrir les rites des dernières tribus d'indiens sauvages au Brésil.
C'est un récit d'aventure mais qui offre également un aspect documentaire et qui livre surtout une réflexion sur le devenir du poumon vert de notre planète à la merci de quelques riches propriétaires terriens.