D
ans le petit monde de Bud, il y a Grand'ma et, dans la maison d'à côté, Bonnie et Sean Hopper. Il y a aussi un grand arbre-cachette, très pratique pour scruter ce qui se passe sans se faire voir. Surtout de Sean, car il n'aime pas les enfants. D'ailleurs il n'aime personne et même Bonnie commence à avoir marre de ses sautes d'humeur.
Adaptation du roman du même nom signé Martine Pouchain, La ballade de Sean Hopper plonge le lecteur dans une certaine Amérique, celle des « perdants ». Amérindiens déracinés, ouvriers désabusés et exploités, sans oublier quelques bonnes âmes qui font ce qu'elles peuvent pour trouver un peu de gaîté au milieu des regrets. Cette petite société se retrouve au sein d'une fable tragique aux réminiscences très classiques (chute, chaos et rédemption). Le récit suit plus particulièrement Sean Hopper, un misanthrope pas mal alcoolisé qui, pour des raisons connues de lui seul, tente par tous les moyens à repousser toute forme de relations sociales. Une série de déconvenues amoureuses et professionnelles soldée par un accident de la route et la curiosité du jeune Bud, vont lui faire changer de perspective sur son existence.
Si Christophe Merlin (Lonely Betty, Un amour d'escargot) a su conserver le nœud – la galerie de portraits à la psychologie finement détaillée est remarquable - et la forme de l'intrigue, sa « vision » de cet univers quasi rural en marge de la société manque de profondeur. L'auteur étant accaparé par ses personnages, le cadre général est à peine esquissé et réduit au strict minimum. Résultat, trop nourri par les clichés « made in USA » (les grosses cylindrées, le drugstore, le bar, etc.), l'album est passablement dénué d'identité ou de charactère. Dans sa retranscription, le scénariste est resté trop fidèlement accroché au texte d'origine. L'intention est certes louable, mais elle se fait au détriment du langage spécifique de la bande dessinée.
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