La petite Bédéthèque des Savoirs 4. Le Heavy Metal - De Black Sabbath au Hellfest

L e Lombard lance La petite bédéthèque des savoirs : petit format pour grandes ambitions. Quatre titres constituent la première fournée. Parmi ceux-ci, il en est un consacré à cette musique qui tonitrue depuis près de cinquante ans : le Heavy Metal. Pour les oreilles délicates qui ne se seraient pas encore aventurées vers ces contrées à haute teneur en décibels, le Heavy Metal est un mode d’expression musicale populaire, caractérisé par un usage distordu des guitares électriques, un chant plutôt hurlé, une rythmique rapide ou lourde, sans oublier un sens de la mélodie qui permet un équilibre entre agression sonore et esthétisme sonique.

La première application du terme à la musique est attribuée à un journaliste américain décrivant une prestation de Jimi Hendrix, en 1968. Pour autant, l’acte de naissance de cette musique est désormais reconnu de manière consensuelle comme étant le premier album de Black Sabbath, sorti au début de l’année 1970. Riffs écrasants, chant incantatoire, rythmiques en rupture, solos de guitares incisifs, les tables de la loi du Métal Lourd sont écrites, et, depuis, déclinées hors du mainstream. Une véritable culture s’est constituée, faite d’icônes, d’événements, d’objets, d’imagerie, et, bien sûr, d’albums et de chansons cultes.

Ce petit livre est le fruit de la collaboration de deux spécialistes et passionnés : Jacques De Pierpont, journaliste belge, ayant défendu les contre-cultures pendant quarante ans à la R.T.B.F. et Hervé Bourhis, dessinateur, passionné de rock, auteur de plus de vingt albums de bande dessinée, seul ou en collaboration. Le découpage est simple : une page pour un groupe, un des multiples sous-genres ou un thème, avec une organisation chronologique. Le tout est illustré en quadrichromie, par des montages associant portraits de musiciens, reproductions de pochettes d’albums et paragraphes de commentaires. Le style est celui de l’underground et des fanzines.

Comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage, De Black Sabbath au Hellfest, le lecteur est embarqué dans un voyage, des origines sulfureuses et confidentielles du genre à la reconnaissance, par le biais du festival français annuel rassemblant des dizaines de milliers de personnes. La démonstration est claire : sans réelle exposition médiatique, le genre s’est développé, a perduré, s’est diversifié et a construit son univers. Frappé du sceau de l’authenticité et du renouvellement constant, le Heavy Metal doit être considéré aujourd’hui comme autre chose que l’expression éphémère d’adolescents en colère ou qu’un barnum dans lequel l’imagerie exubérante serait une fin en soi.

Graphiquement, l’efficacité de l’entreprise est plus contestable. D’une part, l’illustrateur se contente de reproduire des visuels d’albums ou des photographies très connues. Aucune place n’est faite à l’imagination, aux thèmes, pourtant riches visuellement, rattachés à cette musique. Tout cela est trop sec et journalistique. D’autre part, cette perception souffre également du format manga, insuffisant au regard de la masse d’informations (illustrations et textes) présente dans chaque page.

Reste à déterminer à qui s’adresse cet album : les connaisseurs n’y apprennent rien ; les néophytes ne sont pas forcément mis dans des conditions graphiques idéales pour découvrir un univers aussi riche et particulier. Souhaitons cependant une belle et longue vie à cette collection.