Valentine a la petite vingtaine. Patty, dans Ma Vie d’Ado a treize ans au compteur. Les quatre Pipelettes flirtent avec l’adolescence mais aussi avec leurs premières conquêtes. En quelques albums, Anne Guillard s’est bâti une solide réputation d’historienne de la cause féminine dans sa phase post-pubère, dans un registre qui évolue tantôt dans le cynisme, l’humour et la tendresse. Dans cette courte bibliographie, Les Pipelettes tiennent sans doute une place à part : en premier lieu, parce que les deux albums sortis à ce jour sont des recueils de planches pré-publiées dans Julie, un magazine destinée aux jeunes filles (ou très jeunes femmes pour ne pas les froisser) âgées de 9 à 13 ans ; mais aussi et surtout, car les quatre gamines décrites dans cette série éditée dans la collection BDKids de Bayard ont toutes vraiment existé et sont encore, du moins aux dernières nouvelles, amies dans « la vraie vie ».
Évidemment, il n’a sans doute pas suffi à l’auteure de puiser dans la boîte à souvenirs pour alimenter les saynètes en une planche qui constituent ces petits formats. Pourtant, cela explique sans doute en grande partie les raisons pour lesquelles tout semble sonner aussi juste : le garçon tête à claques lourdingue au possible, les premiers complexes chez celles dont les formes n’évoluent pas assez vite à leur goût, les parents qui forcément ne comprennent rien aux problèmes existentiels de leur progéniture… Un catalogue de poncifs sur les aléas et les tracas de l’adolescence mais qui suscitent, sous le trait d’Anne Guillard, des sourires et des rires, même s’ils sont parfois jaunes. Emprunter aux codes du manga quelques mimiques ou postures forcément exagérées, insuffle à l’ensemble un dynamisme vivifiant.
Et ne croyez surtout pas que la lecture des Pipelettes est réservée aux parents ayant la fibre nostalgique de leurs jeunes années ou qui pourraient trouver dans ces deux tomes des réponses à leur question sur le comportement parfois étrange de leurs enfants. Non, il n’y a qu’à observer la "banane" d’une lectrice d’une dizaine d’années et ce, dès les premières pages de l’album, pour comprendre que l'auteure a, une nouvelle fois, réussi son coup.
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