Tebori 1. Tome 1

N agoya, de nos jours. Seijun est un des sept grands maîtres tatoueurs. Alors qu'il pense à sa retraite sans parvenir à trouver parmi la jeune génération un apprenti appliqué et motivé, un vieil ami vient lui rendre visite. Il a une faveur à lui demander : prendre en charge son petit-fils, Yoshi, pour lui apprendre le métier et ainsi lui éviter de s'enfoncer dans la délinquance. Yoshi est un bon garçon, mais influençable et si on ne l'aide pas, il finira par mal tourner, peut-être même par devenir un yakuza. Après dix ans d'apprentissage, l'heure de passer le flambeau arrive pour Seijun, celui qu'on nomme l'Horiseuun. Son élève a suivi avec assiduité et sérieux son enseignement. À force de sacrifices et de travail il est prêt ; même l'art du tatouage manuel, le Tebori, n'a plus de secret pour lui. Mais, entre les clients «particuliers» de son mentor et sa nouvelle petite amie, le jeune maître va découvrir des choses insoupçonnées et devoir faire ses preuves sans commettre d'impair. Son nouveau statut le lui impose, l'honneur et la loyauté aussi.

Après avoir captivé les lecteurs grâce à la trilogie Ken Games et son prequel, José Robledo et Macial Toledano reviennent avec un nouveau triptyque. Cette fois, direction le pays de Soleil Levant et la discipline ancestrale du tatouage. Partant de certains thèmes classiques liés à la culture nippone, yakuza et arts graphiques en tête, le scénariste propose un thriller prenant. Grâce notamment à son héros bien campé et une galerie de personnages variés qui laissent entrevoir les rebondissements possibles à venir, il offre une histoire classique traitée d'un point de vue original. De plus, bien que didactique, la lecture reste fluide à mesure que l'auteur présente cet art et les valeurs sous-jacentes de moins en moins répandues dans un Japon contemporain, où modernité et traditions cohabitent.

Pour illustrer cette bivalence, Marcial Toledano récite ses gammes. Avec ses couleurs tout d'abord. Il s'attache à donner une ambiance rapidement identifiable à chacune de ses séquences grâce à des choix de teintes audacieux. Souvent flashy, à l'image de la couverture, ses couleurs explosent et pétillent lorsque la jeunesse est mise en avant. Plus sages lors des scènes avec le maître, elles soulignent la force et les tensions qui se dégagent de ces passages. Par son trait semi-réaliste ensuite. Même si l'on peut s'étonner du manque de détails sur certains seconds plans, la facilité du dessinateur dans les scènes d'action ou les gros plans fait toujours mouche. Mais la véritable performance réside dans le soin particulier apporté à la restitution des fresques corporelles. Quelques soient les positions des corps, les angles ou les motifs, leur cohérence est bluffante.

Très bon tome d'introduction, cet album pose les bases d'une intrigue que l'on devine à tiroirs dans laquelle le passé du héros comme celui de son mentor risquent d'avoir de nombreuses conséquences. Ne reste plus qu'à patienter jusqu'à la fin de l'année pour découvrir où elles les conduiront.