L
es guerres ont ravagé la planète, les virus et autres bactéries ont rendu impropre la vie à l'air libre. Depuis de nombreuses décennies les hommes vivent enfermés dans des abris, appelés pompeusement "Eden", en haut des montagnes, préservant la continuité de la race humaine "saine" par une perpétuelle reproduction en vase clos. Mais l'équilibre est menacé, il faut trouver la porteuse du code génétique parfait pour renouveler le gène. Tout bascule lorsque Zanoo est intégrée à Eden, les esprits, les espoirs… Tout ! Rien de bien étonnant devant cette beauté naturelle.
La fin d'un monde, le groupe de survivants dictatorial, la résistance, le messie et autres exclus, on connaît. Tout cela a été maintes fois traité de façon plus ou moins convaincante, alternant le bon et le moins bon (Neige, Gord, Jeremiah, La Compagnie des Glaces, etc.). Le ton résolument humoristique est par contre plus rarement employé pour ce genre de récit qui se veut le plus souvent grave. Le choix qui est fait par François Maret (Monsieur T. en Namérik, pastiche de Tintin), fortement inspiré par l'œuvre de Turf (on ne peut s'empêcher de penser à la Nef des fous, toute proportion gardée, pour le coté dérision de certains personnages) parait judicieux tant l'humour introduit un souffle de décontraction salvateur. Choix agrémenté d'une astuce scénaristique : la "puce-âme", ou comment faire cohabiter une femme et un homme dans le même corps… Et quel corps !
La dérision mise à part, le récit reste classique et sans surprise avec néanmoins quelques bons moments, la fin de l'album, introduction au tome suivant, notamment. Malheureusement, on peut se lasser de voir l'obsession pour les choses du sexe érigée comme une constante du récit et regretter l'absence de méchanceté d'au moins un des protagonistes, élément qui aurait relevé l'intérêt de l'ensemble.
Le graphisme est très plaisant, plein de fraîcheur et résolument rigolard (sans être péjoratif). Il donne dans le steampunk, ce qui n'est pas franchement une marque d'originalité en ce moment, mais pourquoi pas…
Un premier tome qui donne envie de se laisser porter vers le suivant. Suivons le courant.
Prélude :
Catastrophes climatiques, guerres, armes chimiques et bactériologiques s’abattirent comme la peste sur la planète, non seulement sur les troupes ennemies mais aussi sur les foules en colère.
Pour échapper aux virus, il fallut monter en altitude. Grâce au froid, les virus sont moins actifs. Les puissants bâtirent en secret l’Arche d’Eden pour abriter les meilleurs des meilleurs. Hélas, ils durent revêtir des combinaisons proches des scaphandres et pas question de se toucher la peau. Cela fait vingt générations que la population vit ainsi avec un brassage des gênes bien trop faible. La rébellion voudrait ouvrir Eden au monde extérieur mais ce n’est pas du goût des dirigeants.
Arrivée de Zanoo :
Zanoo est une jeune femme sexy en diable avec des gênes d’une pureté extraordinaire. Elle vient de l’extérieur, là où pullulent des pollutions de toutes sortes. Elle est là pour permettre à la race humaine de se régénérer (à l’insu de son plein gré). Elle est supposée recevoir des implants mémoriels, sans qu’elle ne soit avisée des conséquence, implants qui doivent déterminer sa personnalité issue d’une femme du passé. Mais, Réno, un membre secret de la rébellion décide qu’il en sera autrement…
Critique :
Encore un livre sur un monde postapocalyptique, me direz-vous ! Oui ! Mais celui-ci est traité avec humour. Un humour qui devient un peu lassant car tournant toujours autour du sexe. Il est vrai que Zanoo est sexy en diable et que les pauvres diables qui vivent dans l’Arche éprouvent certains manques… Mais c’est un peu juste pour susciter vraiment l’intérêt même si on sent bien que c’est un album d’introduction à de nouvelles aventures.
Au fait, où sont les femmes ? Ouille ! La réponse ne va pas plaire, alors, comme je suis un peu lâche, je vous dirais qu’elles sont bien présentes dans l’aventure, mais que… (Trou de mémoire ! Cela arrive même aux meilleurs…)
Les dessins de François Maret, tout en rondeurs, sont très réussis, ainsi que les magnifiques couleurs d’Hernan Cabrera.