C
omment en 1965, à Gênes, connaître les délices de la chair lorsque l’on est cloîtrée dans un pensionnat pour jeunes filles et que les anges veillent sur votre virginité ? Après une expérience qui lui a laissé comme un goût d’inachevé, c’est dans les bras de sa meilleure amie qu’Esmera découvre sa différence…
En guise de préliminaires et bien que Zep en signe le scénario, il convient de préciser que ce one-shot est à réserver à un public adulte. Ceci dit, revenons à cet album pour le moins atypique, même si Happy sex laissait déjà à penser que le père de Titeuf aimait également jouer avec la maîtresse !
Si après quelques pages, le scénariste suisse donne l'impression de s’offrir une petite récréation, le dernier strip de la vingt-quatrième planche remet les pendules à l'heure. Cependant, essayons d'oublier un bref instant toute sexualisation du propos pour s’attarder sur ce qui, à bien des égards, s’apparente à un conte, certes pornographique, mais un conte tout de même. Si la dimension libidinale de certaines scènes est sans équivoque - comment parler de sexe sans montrer une fesse (voire un peu plus...) -, ceci est toujours traité avec ce qu’il faut de décence artistique pour ne pas sombrer dans le scabreux et avoir son utilité au niveau du récit. Car au-delà du questionnement d'Esmera sur sa libido et les quiproquos qui en découlent, elle est aussi (et surtout) le témoin impliqué du changement des mœurs de ses contemporains. Ainsi, par orgasmes interposés, permet-elle de mettre en perspective près de cinquante années d’évolution (ou de régression) sexuelle, et ce en moins de soixante-seize pages. Éludant subtilement le matérialisme du comment, Zep essaye de s’attacher au caractère existentiel du particularisme d’Esmera… sans vraiment y réussir.
Sur cette histoire où la manière importe autant que le message, Vince réussit le tour de force de rester dans un réalisme qui n’a rien de vulgaire. La « faute » sans doute à son style et à une héroïne aux faux airs d’Audrey Hepburn, autant qu'à une monochromie qui n’est pas sans évoquer de vieux films italiens.
Ni lesbien, ni gay, ni bi ou trans... Zep vient de (re)inventer un nouveau genre : l’alter(sexuel) !
"Esmera" est une œuvre à part dans les propositions de Zep. Le thème qui tourne autour de la sexualité et de l'émancipation, auquel l'auteur nous a habitué, est cette fois-ci plus adulte qu'a l'accoutumé. Le tout grâce aux dessins de Vince (que j'ai connu dans la série "Vortex") qui apporte beaucoup sur la forme, dans les tons sépias, les traits sont gracieux et généreux, comme celui sur le rythme du corps. Concernant la narration, le postulat de départ est apprécié : Esmera se change en homme si orgasme il y a ; elle devient Marcello et vice-versa. S'ensuit alors une véritable question de la vraie nature d'Esmera, de sa condition d'homme ou de femme, de son émancipation selon le genre qu'elle interprète. Je reproche une certaine légèreté dans le propos, Esmera a l'orgasme "facile" et change de sexe comme de chemise. Quelques situations sont cocasses et nous ramène à l'humour connu de Zep (avec la série "Happy Books" notamment), mais cela ne permet pas une réflexion très poussée et complète sur la condition d'Esmera. Cependant, la bande dessinée est très fluide, honnête et se distingue par l'originalité de son thème, cela reste donc une bande dessinée à découvrir pour tout amateur du genre.
Qu'est-ce que j'ai pu être critique envers Zep surtout quand il a commencé sa manoeuvre d'émancipation de ces oeuvres d'adolescent attardé. Bon, on n'est pas là pour faire le procès de Titeuf. Je n'avais pas du tout aimé "Une Histoire d’hommes" et c'est presque un euphémisme que de le dire.
Pourtant, dans Happy Sex, j'avais perçu quelque chose qui pouvait devenir intéressant. Mais là, je tombe de haut. C'est bien le même auteur ? Il est vrai que le dessinateur a fait des merveilles. Reconnaissons les mérites à chacun !
J'ai non seulement aimé mais adoré littéralement. Déjà le thème bien qu'exploité régulièrement dans la bd m'a beaucoup séduit. En effet, je suis un peu de ceux qui pensent que l'idéal de l'être humain se trouverait avec les hommes et les femmes. Autant être les deux à la fois pour la recherche du plaisir maximum.
Une idée intéressante et riche qui a été habilement exploitée. Bref, une belle découverte mais à ne pas mettre entre toutes les mains. Puritains, s'abstenir !
Evidemment si on est qu'amateur (ou quasi) de BD érotiques ou porno, le dessin de Vince n'atteint pas les Manara ou Sempieri !
Mais à mon humble avis tel n'était pas l'intention des auteurs : ils savent qu'ils ne sont pas des dessinateurs ou des scénaristes d'érotico-porno et donc leur histoire est qlq peu plus "affinée".
PAs spécialement amateur de ce genre mais conseillé par mon libraire qui vend son fond de commerce car il arrête, triste (Durango à Bruxelles), j'ai acheté la BD et je ne la lui rendrai pas.
Ce n'est pas un must mais bon, c'est une BD que je n'ai pas envie de lui rendre, je la revendrai sans doute à des amateurs du genre (il y en a à qui tout plaît dans le porno-érotique, hum), je le vois sur EBay, pas difficile, on verra...
D'autant plus que j'a l'édition spéciale.
Donc pas un must mais bon, j'ai acheté pire !!!.
Cette BD me fait penser au roman graphique de Loisel, encore plus "osé" qui s'arrache à prix d'or (faut pas regarder les cotes du BDM, ce bouquin ne vaut plus rien !!) et que je vais revendre un de ces 2 exemplaires un de ces jours...
Ici, c'est plus un placement... Mais à lire qd même !!
Avec un graphisme superbe, qui fait la part belle à l'onirisme, et une histoire d'ubiquité intelligente et rare dans ce type de BD, Vince et Zep nous livre un conte philosophique sur la morale, le caractère étriqué de la bourgeoisie et la peur de la vieillesse. A lire absolument, tout en se régalant des mises en situation problématiques de l'héroïne/héros de cette histoire.
ma curiosité a été piqué au vif quand j'ai vu que cette BD érotique était sur un scénario de ZEP ayant été toujours fana de Titeuf avec notamment son happy sex.
ET bien sûr, j'ai été déçu du résultat.
L'histoire basique n'est absolument pas aidé par les dessins qui ne sont pas à la hauteur d'une BD pour adulte.
effectivement on ne s'improvise pas Serpieri ou Manara comme ça.
Encore plus que les autres genres, une BD érotique est plus portée par le dessin que par le scénario.
Dommage
Pour la faire courte : Esmera jouit… d’un don d’ubiquité particulier. Femme jusqu’au bout des lèvres, elle devient homme au moment d’exulter, réservant à ses partenaires d’étranges surprises…
Sur un scénario intéressant, mi-Fellini mi-Serpieri, le dessin de Vince ne parvient pas à nous détacher du premier degré porno-punk de cette histoire avec queues et têtes, et c’est bien dommage. L’idée méritait sans doute d’être explorée différemment, peut-être avec une affectation graphique de haute volée que seuls quelques rares grands maîtres peuvent restituer (Serpieri, Federici, Manara…) ou bien au moyen d’un trait bien plus noir et sulfureux (Crepax…) et qui aurait assuré la part belle à la narration.. Au lieu de cela, Vince livre ici un graphisme mitigé, parfois de piètre qualité, jamais scabreux mais trop fade, aux antipodes des gouffres vertigineux que l’histoire pouvait ouvrir.
Certes, je suis un habitué des bandes dessinées dites "pour adultes" ou "pour public averti", comme il est noté sur le sticker de cet album signé Vince (que je ne connaissais pas) et Zep (que l'on ne présente plus,), mais là, je dois dire que Esmera est une véritable surprise, dans le bon sens du terme.
J'avais découvert Zep avec son "happy sex", recueil d'histoires assez osées pour l'auteur de Titeuf, et je le retrouve ici au scénario d'une aventure pornographique, assez drôle tout de même, illustrée par Vince.
Le dessin tout en lavis, est assez réaliste, tout en en gardant un côté comique. En effet, le fil rouge de cette aventure (Esmera découvre, par hasard, qu'elle change de sexe à chaque fois qu'elle a un orgasme) nous amène à suivre des situations assez surréalistes et souvent très drôles. Les auteurs nous gratifient en effet de tout un catalogue de situations : de la masturbation à la fellation, en passant par des scènes de lesbiennes ou de triolisme, l'ensemble des canons de la pornographie y passe...avis aux amateurs.
Ce côté parfaitement assumé d'une comédie pornographique fait de ce one shot un album qui, repose sur un vrai scénario tout long des 78 pages, un véritable exploit pour ce genre de bande dessinées.
Une lecture, évidemment à réserver à un public très averti, il va de soi.