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ors de la bataille de Crécy, prélude à la guerre de Cent Ans, Juan de la Heredia, porte secours au roi Philippe VI de Valois qui vient de perdre son destrier. En lui laissant le sien, le chevalier de l’ordre des Hospitaliers se retrouve au cœur de la mêlée. Galvanisé par l’inéluctabilité de son sort, il se déchaîne jusqu’à ce qu’une épée le transperce. Mais, alors que la vie le quitte, il découvre qu’il est cloué sur la corne d’une licorne. Au petit matin, hébété, il est toujours en vie et aperçoit l’animal légendaire. Avant d’être capturé par les Anglais, il tente en vain de le rattraper pour savoir pourquoi la mort lui est refusée.
Difficile de parler de cet étonnant album ! Déjà, ne vous fiez pas à la scène introductive martiale à souhait. Ce n’est pas du tout le propos. La suite est une quête intime pour donner un sens à une vie à laquelle on ne tient plus. La mort finalement désirée n’est pas venue et toujours cette licorne, que personne ne voit, qui vient au moment où tout semble terminé, lorsque les forces semblent totalement épuisées et que l’espoir a disparu.
La narration oscille entre réalité et onirisme, navigue aux frontières du mysticisme et sait se faire muette pour mieux laisser les sentiments naître, sans jamais chercher à imposer une signification. Cette aventure introspective prend tout son sens à travers le dessin brillant de Guillermo G. Escalada. Son style est élégant et haut en couleurs. L’auteur espagnol sait saisir les émotions et faire parler les silences.
Allégorie sur la violence, la rédemption et la renaissance, Le chevalier à la licorne est une œuvre atypique et fascinante.
J'ai bien aimé ce récit mi-fantastique introduisant la célèbre licorne. Pour le reste, cela se base sur un contexte historique bien précis entre la bataille de Crecy nous opposant aux anglais et la cité des papes à Avignon. Ce one-shot est assez crédible malgré son mysticisme.
Un très bon point pour le dessin très précis ainsi que pour la colorisation très réussie. J'ai rarement vu autant de finesse. C'est très beau graphiquement parlant. Les décors du Moyen-Age sont presque réels.
Au final, c'est assez psychologique avec une histoire assez captivante malgré la simplicité du scénario. Une véritable allégorie sur la violence du guerrier et surtout sur la rédemption.
Jolie couverture intriguante, typo de titre originale, intérieur de couverture identique des deux côtés représentant une sorte de peinture rupestre avec des licornes. Imprimé en Belgique.
Cet album est un petit miracle sorti de nulle part! Réalisé par un scénariste chevronné mais peu connu et par un artiste espagnol dont c'est la première (et unique à ce jour) BD, il raconte l'itinéraire du chevalier Hospitalier Juan de la Heredia (personnage historique qui a bâti les remparts d'Avignon) après sa "mort" à la bataille de Crécy qui marque le début de la guerre de cent ans. Lors de cet événement d'une violence rare, le chevalier rencontre une licorne, animal légendaire, qui semble le ramener à la vie et le hante désormais pour le reste de son existence...
Les grands one-shot sont portés par l'ambition de leur projet autant que par la qualité de leur réalisation. Il est surprenant de trouver ce volume chez Soleil, plus habitué aux séries qu'aux projets d'auteurs. Ici le mythe surpasse très rapidement le cadre historique (pourtant si élégant). Le fil rouge est l'hypothétique folie de cet homme ramené d'entre les morts par un animal imaginaire. Tout au long de sa quête du sens de sa résurrection, Juan va s'interroger sur une impossibilité: les licornes sont imaginaires, et pourtant il est bien mort sur le champ de bataille de Crécy... Après sa fuite d'une prison anglaise il va errer en bordure du monde des hommes, bravant la mort dans unique but: rattraper la licorne qu'il voit au loin, pour comprendre. Boucher au début de l'ouvrage, ermite puis chevalier à nouveau, il s'agit autant de la quête du sens de son époque barbare que d'un parcours intérieur vers la civilisation.
Je reparle à nouveau de l'école espagnole, tant la qualité du trait et de la colorisation (que certains trouveront trop numérique) d'Escalada est rare. La rage qu'il met dans ses visages, l'esthétique et la poésie de ses plans larges constituent l'une des BD les plus impressionnante graphiquement des 10 dernières années. Le trait est dur mais précis, l'élégance de son style permettant de laisser la violence au contexte sans la reproduire graphiquement. Je n'ai trouvé aucune information biographique sur cet illustrateur bien trop rare. En espérant que ce projet totalement réussi lui donne envie de nous offrir à nouveau son talent.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2017/10/25/le-chevalier-a-la-licorne
Graphiquement, ce one-shot est une véritable claque.
Guillermo Escalada est aussi à l'aise sur les scènes de combat que sur les scènes oniriques, ou encore nocturnes. C'est vraiment bluffant!
Côté scénario, j'ai pris plaisir à suivre les aventures de Messire Juan Fernandez de Heredia.
L'auteur, Stéphane Piatzsezek, nous fait voyager entre la réalité (la fameuse bataille de Crécy, point de départ de l'errance du chevalier) et la fiction (avec la quête de la licorne).
A la fois violent et poétique, cet album qui, certes, se lit très vite, mérite votre attention.
Graphiquement c'est du tout bon, les 20 premiers pages sur Crecy sont bluffantes mais scénaristiquement ça s'effiloche quand même un peu au fur et à mesure du récit. Dommage.
Grandiose! Un scénario d'une grande intelligence et finesse sur la noirceur du monde. Un dessin magistral. Merci pour ce moment!
Un ouvrage juste magnifique!!!
Le dessin est riche et de grande qualité. On sent le soin apporté aux nombreux détails de ce bel univers médiéval. J'ai passé un bon moment à regarder ces paysages, ou autres décors.
J'ai adoré. Bravo!