Temudjin 2. Le voyage immobile

V oilà cinq jours que Temudjin médite dans sa yourte à enchaîner querelles conjugales avec l'esprit Ayami, alors que ses lieutenants trépignent sur le pied de guerre. Le nouveau Khan n'est guère enthousiaste à mener ses hordes contre le tyrannique Général blanc. Il essaye d'échapper au destin en se fuyant lui-même par le biais d'un voyage astral. Maheshvara, un autre esprit l'intercepte pour qu'il l'aide à combattre leur ennemi commun et lui offre trois puissants combattants en tribut. Lorsqu'il revient, la révolte gronde et Temudjin n'aura pas que des guerriers déçus à recadrer... En prenant Yèsugèn comme épouse, il déchaîne la jalousie de l'Ayami.

Après deux ans d'attente, les deux Antoine (Ozanam et Carrion) offrent une suite très attendue à leur Temudjin. Il faudra impérativement relire le premier volume pour ne pas se perdre dans ce récit qui alterne les va-et-vient entre les mondes, entre le réel et le spirituel, les références au passé, présent et avenir. Peut-on échapper au déterminisme ? Telle semble être la quête du héros qui tente de se libérer du poids de son homonymie et de tous les espoirs qui l'accompagnent. Mis en cage dans l'outre-monde et dans la steppe, scruté, jaugé, jugé, il ne semble pas pouvoir s'écarter d'un chemin déjà tout tracé. Et s'il dévie, un autre est prêt à prendre sa place. Au dessin, Antoine Carrion fait encore des merveilles, maniant une palette flamboyante et audacieuse. Il suffit de voir la couverture, superbe clair-obscur avec sa lumière centrale. Il joue de son bleu froid et lumineux qui imprègne les chairs, contraste avec les ocres et les rouges et crée à la fois un univers glacé et chaleureux . Une évidence quand on sait que l'éditeur Daniel Maghen a construit sa notoriété avec les belles planches. Chaque page pourrait être détachée pour être mise sous cadre, mais ce serait gâcher une belle édition.

Une quête mystique de toute beauté qui risque de valoir à ses auteurs une nouvelle séquence de harcèlement pour avoir une trilogie.