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idier Convard et Éric Adam ont choisi de relever un défi de taille : celui de brosser la vie d’un personnage emblématique du Moyen-Âge, Bernard de Clairvaux, dans une bande dessinée de quarante-six pages ! Le pari est osé mais tenu, les deux auteurs s’attachant à faire ressortir les grands traits de caractère de celui qui fut canonisé en 1174 : le charisme et la persuasion. Son influence sur le développement de l’ordre Cistercien, sur le dogme de l’Église ou dans les grandes questions du siècle est également esquissée. Le récit, trop court, mais agrémenté d’aspects romanesques, se découvre plaisamment.
La critique qui peut être faite aux auteurs est que Bernard de Clairvaux est dépeint avec trop d'empathie. Certes, son intransigeance est bien soulignée mais surtout à travers son inclinaison pour l’ascétisme du personnage, qu’il appliquera à son corps, mettant régulièrement sa vie en danger, mais aussi la simplicité architecturale qui l’opposera à l’ordre de Cluny. Cependant, son fanatisme et son conservatisme, qui lui attirèrent de nombreuses inimitiés, ne sont pas évoqués. Aussi, s’il intervient pour faire cesser les persécutions contre le Juifs en Rhénanie, il sera, en revanche, fortement impliqué dans la croisade contre l’hérésie Cathare en appelant ouvertement au massacre.
Le trait réaliste de Denis Béchu s'avère quelque peu conventionnel et manque un peu de séduction, mais cela ne l’empêche pas de se montrer efficace et convaincant. En tout cas, il témoigne du sérieux de cet ouvrage de vulgarisation historique qui donnera peut-être à certains l’envie d'en savoir davantage, ou, pour le moins, d’aller admirer les photographies des édifices qui témoignent encore de la grandeur et de la spiritualité cistercienne.
Voici une bd ecclésiastique ou plutôt spirituelle ce qui nous changera un peu de la vulgarité de ce monde. Il s'agit de mettre en valeur une célèbre abbaye qui a fait un peu concurrence à celle de Cluny.
L'ancienne abbaye de Clairvaux située dans l'Aube en Champagne-Ardenne, à quinze kilomètres de Bar-sur-Aube, était un monastère cistercien fondé en 1115 par Bernard de Clairvaux et quelques compagnons, envoyés par Étienne Harding, abbé de Cîteaux. La personnalité de saint Bernard lui donna un rayonnement considérable.
La fondation de Clairvaux remonte aux temps de la toute première extension de l'ordre cistercien. C'est précisément cette période que cette bd aborde avec le plus grand soin dans les détails. On dirait un travail de commande au service du patrimoine et notamment du Conseil Général de l'Aube mais en réalité, cela va plus loin.
En effet, au-delà des murs et des pierres de cet édifice, on nous présente la vie de Bernard de Clairvaux (1090-1153) qui oeuvra pour le bien de l'humanité en cette période de croisade. Un homme hors-norme qui est un peu tombé dans les oubliettes de l'Histoire pour le grand public. Cette bd permet de resituer les choses. N'oublions pas qu'il fut canonisé par l'Eglise peu après sa mort.
Les auteurs ont réussi leur pari. Les amateurs d'histoire apprécieront. Certes, il y a des aspects romanesques mais surtout la personnalité de Bernard qui sera à l'honneur. Les grands hommes manquent un peu à ce siècle. Mon voeu le plus cher serait l'émergence de telles personnalités oeuvrant pour le bien du Monde.