N
ord de la Suède, fin des années soixante-dix. Siv, une mère de famille employée par le parti social-démocrate, vit une histoire sentimentale avec Ulrik, un jeune militant maoïste. Cette idylle interdite, aussi bien sur le plan moral que politique, va bouleverser leurs vies respectives.
Roméo et Juliette nordiques, portrait voilé de la société suédoise et considérations féministes, il y a un peu de tout cela dans l'Hiver rouge d'Anneli Furmark. En effet, ce récit choral donne la parole à toute une liste de protagonistes tels Siv et Ulrik en premier lieu, mais aussi les enfants et le mari de celle-ci, ainsi que les différents membres de la cellule de celui-là. Résultat, autour de l'intrigue centrale, c'est tout une kyrielle de points de vue variés qui est présentée. Si certains éléments propres au paysage politique de la Suède restent énigmatiques pour le lecteur francophone, la toile relationnelle que la scénariste a tissée se révèle parfaitement en place. Sans tomber dans des affres existentielles bergmaniennes, la description psychologique de Siv et d'Ulrik sonne juste. Ce dernier, partisan de la première heure de la cause du peuple, va très vite déchanter en constatant que la révolution prolétarienne n'a que faire de ses errements de cœur.
Pour donner vie à son récit, Furmark opte pour une approche expressionniste qui rappelle par moments les travaux de Debbie Drechsler. Plus que le réalisme photographique, la dessinatrice cherche avant tout à montrer les émotions. Elle y parvient parfaitement, même si certains pourraient trouver son trait un peu frustre. Le point fort de l'album se trouve surtout dans la très efficace mise en couleurs à l'aquarelle. L'atmosphère unique de l'hiver subarctique est admirablement rendue.
Solide et sérieuse histoire sur fond social, Hiver rouge ne devrait pas laisser de marbre les amateurs de romance torride et de dialectique socialiste.
Bon, je ne vais pas faire semblant car en effet, je n'ai pas aimé. Je me suis littéralement ennuyé à la lecture de ce récit mettant en scène une mère de famille sociale-démocrate qui fait la connaissance d'un activiste politique dans la Suède des années 70. C'est un peu comme l'eau qui coule au plafond dans une pièce vide et qui se remplit progressivement.
Sans doute, cette bd n'était pas pour moi. J'aime pourtant la politique et les histoires à la Roméo et Juliette ou autres couples improbables séparés par leur idéologie respective. Je n'ai pas non plus trouvé un attrait pour le dessin. La dialectique socialiste m'a laissé de marbre. Non, Erik ne voit pas rouge !