Fiction Squad 1. Tome 1

S econde itération de l’univers de Bois-des-Contes après Fairy Quest, Fiction Squad explore un monde féerique mais cynique, sous la forme de la ville de Rimes. S’y trouvent des nains, des ours en peluche policiers, des œufs géants, mais surtout Franckie Mack, détective privé échappé d’un mauvais polar qui devra enquêter dans les rues de cette cité cosmopolite. Le crime et la corruption ont établi leurs quartiers dans les bas-fonds, et quand la vie d’Humpty Dumpty est menacée, ce héros qui n’appartient pas à ce monde enfantin commence à se douter que les reines et les sorcières viennent à nouveau de se déclarer la guerre.

Le scénariste Paul Jenkins s’amuse avec le catalogue traditionnel des fables enfantines, en les transfigurant façon film noir. Le décalage provient du parti-pris de narration, montrant Franckie Mack aux prises avec un monde dont il ne comprend que partiellement les ficelles. A travers ses yeux et sa voix off, le lecteur découvre les intrigues politiques et judiciaires de cette région de Bois-des-Contes : celles des Histoires pour enfants. Le mélange des genres fonctionne très bien, les personnages rencontrant tout au long de l’album des figures connues, et forcément détournées par l’auteur : Alice est le chef d’un gang, Pinocchio un indic, Tom Pouce est capitaine de la police etc.

L’humour est aussi référencé qu'efficace, et en dépit un scénario somme toute assez banal, l’utilisation des personnages provoque souvent la surprise et le sourire. Dans son traitement, la série est clairement orientée vers les kids, du fait de la simplicité des dialogues et l’avancée très didactique de l’histoire. Cependant, la lecture reste plaisante pour les adultes, tant les auteurs se sont appliqués à construire un monde chaotique mais cohérent.

Le character-design est bien trouvé et sert le propos, ’hyper-sexualisation des personnages féminins, assez gratuite et racoleuse mise à part. Les dessins de Ramon Bachs se rapprochent du style du dessinateur de Fairy Quest, créant une harmonie dans ce multivers. Le trait est simple et cartoony, à mi-chemin entre le manga et certaines formes de franco-belge. L’ensemble est très agréable, mis à part quelques effets de lumières qui sentent la retouche numérique.

Dans un cadre rafraîchissant et drolatique, accompagné d’un coup de crayon sympathique et d’une intrigue entrainante, Fiction Squad est une très bonne découverte pour le jeune lectorat, ainsi qu’un spin-off intéressant qui ajoute sa pierre à l’édifice de Bois-des-Contes. Le postulat pourrait s’épuiser sur le long-terme, mais son statut de mini-série en trois albums pourrait lui éviter cet écueil.