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im Starlin revient aux affaires en 2014 avec la suite de ses aventures cosmiques. Sa création est en ce moment au centre des préoccupations du Marvel Cinematic Universe, Thanos faisant office de grand méchant loup planant en toile de fond sur les tribulations filmées des Avengers.
Il est difficile de décrire précisément ce que réserve l’histoire de cette nouvelle itération cosmique de Starlin, tant ce one-shot nous plonge dans ce qui a fait le sel des années 70 : l’aventure teintée de réflexion, de religion, de métaphysique, et de considérations à grande échelle parfois ardues à appréhender. Des forces supérieures sont en jeu, le destin est manipulé, la morale et la justice n’ont plus lieu d’être. Nos héros se contentent de poursuivre une quête typique du scénariste, naviguant de dimension en dimension, essayant de comprendre en même temps que le lecteur les tenants et aboutissants des mystères intersidéraux qui nous sont présentés.
En ce qui concerne le fan-service, le casting est assez bien fourni. On y retrouve Thanos et Warlock, qui forment un duo d’enquêteurs verbeux de l’espace. Certains vengeurs font une apparition, ainsi que le Surfer, et bien d’autres. Sur le papier rien ne change vraiment comparé aux sagas précédentes telles que le Gant de l’infini ou Annihilation. Le plaisir est à trouver ailleurs : dans le ton.
Starlin, depuis le silver age, a eu le temps de faire le tour de la question. Alors, dans ce nouvel opus il joue avec les codes. Il n’a pas peur de ridiculiser certains de ses propres personnages, en les caractérisant tellement qu’ils deviennent des pastiches d’eux-mêmes. Ce n’est pas non plus de la parodie, mais les envolées grandiloquentes des démiurges et les réactions primaires des autochtones insignifiants qu’ils rencontrent renforcent cette impression de moquerie permanente.
Une impression qui est d’ailleurs renforcée par les couleurs bariolées de Frank D’armata et Rachelle Rosenberg. Tout dans le dessin renvoie à une approche cartoony de protagonistes que bien des lecteurs ont du mal à prendre encore au sérieux. Ce degré de décalage est suffisant pour rendre ces tribulations spatiales savoureuses et très justes. D’autant que la narration participe aussi de la chose, étant parfaitement ancrée dans un style inimitable, estampillé seventies.
La fin donne une sensation très agréable, démontrant par l’exemple que cet auteur/icone de Marvel a encore des œuvres à offrir à un certain public, en se réinventant, sans cabotiner ou tomber dans la facilité.
“Thanos, la révélation de l’infini” est une grande déception de la part de Starlin qui s’emmêle les pinceaux dans un gloubi boulga psycho-cosmique s’effondrant comme un soufflé boursouflé.
Malgré un graphisme moderne et bien léché, Starlin patine cette fois dans son space opera et semble balader le lecteur pour au final pas grand chose comme il le reconnaît lui-même à la fin de l’ouvrage.
Et ce n’est pas la présence des Annihilateurs, faire valoirs de luxe ridiculisés en un tour de main qui peut constituer un lot de consolation...
Comme quoi, le filon Thanos/croisade cosmique semble parfois se tarir, même pour son génial créateur…
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